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Un métier de l’ombre

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Catherine Beclair n’a jamais « enlevé d’enfants » – « même pas un », précise-t-elle dans les premières pages de La mutante. C’est pourtant le cliché souvent accolé à sa fonction. « Je ne suis pas religieuse, je n’ai pas de tailleur strict, je ne porte pas de lunettes et je ne suis pas vieille fille. D’accord j’ai eu un chignon, mais je l’ai vite coupé. Grincheuse je le suis parfois, mais emmerdeuse je ne crois pas. Exigeante sans doute, mais pas autoritaire. » Elle est assistante sociale. Dans ce petit opus savoureux et enlevé, elle explique ce qui l’a poussée à épouser cette carrière pour le moins étrange : « Ce filon social qui nous habite a des origines parfois obscures, parfois séduisantes, mais souvent il s’agit d’un ensemble d’étincelles, de moments de vie qui alimentent un véritable feu d’artifice. Cette combustion est là, en nous, elle déclenche une fumée qui nous nourrit et développe une sorte de mutation des gènes. » Ses nouveaux organes vitaux, dénommés éthique, valeurs, morale, déontologie et secret professionnel, ne suffisent pas à la mutante : il lui faut aussi, au quotidien, chausser ses lunettes 3D pour comprendre « toutes les situations, tous les problèmes », avec pour objectifs de parvenir à « améliorer la qualité de vie sur les plans social, sanitaire, familial, économique, culturel et professionnel », ou encore « développer, restaurer et faciliter le retour [des usagers] dans la société ». Sauf qu’elle n’a pas réellement de « superpouvoirs ». Voilà ce que Catherine Beclair s’efforce de faire comprendre aux professionnels du sanitaire qui se méprennent parfois sur son rôle dans l’hôpital où elle exerce. Voilà ce qu’elle entreprend auprès de Valentin et Valentine, de Ma Dalton, d’Elephant Man ou de Pierrot, personnages qu’elle dépeint au fil des pages, représentations symboliques des différentes situations qu’elle a connues au cours de sa carrière – des portraits tristes ou troublants, joyeux parfois, banals ou extraordinaires. Celle qui, après quinze ans en tant qu’assistante de service social, forme à présent ses confrères et consœurs à l’Institut régional de formation sanitaire et sociale (IRFSS) de Chambray-lès-Tours (Indre-et-Loire) a voulu, avec cet ouvrage illustré, sensibiliser à ce métier de l’ombre qu’elle pratique dans son « bureau des émotions ». D’une façon décalée, Catherine Beclair nous fait partager son expérience professionnelle – « cet univers dans lequel les héros sont vos voisins, votre entourage, le citoyen ». Derrière chaque porte de l’hôpital, écrit-elle, se cache une histoire magnifique.

La mutante, ou 1001 journées d’une assistante sociale

Catherine Beclair – 12,50 € (achat en ligne sur www.lulu.com)

Culture

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