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L’école fait souvent partie du projet d’immigration, relève une enquête de l’UNAF

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Comment les parents immigrés perçoivent-ils leur vie en France, en particulier leurs relations avec l’école, et quelle est leur compréhension de son fonctionnement ? C’est ce qu’a cherché à savoir l’Union nationale des associations familiales (UNAF) dans une étude qualitative menée auprès de personnes arrivées en France depuis moins de six ans(1). Celles-ci, interrogées dans le cadre d’entretiens semi-directifs (21 au total), « présentent des profils très variés », qu’il s’agisse de leur histoire personnelle, des raisons qui les ont conduites à venir s’installer en France (mariage avec un conjoint français, raisons professionnelles, raisons médicales, fuite de leur pays…). De fait, si « de nombreux facteurs vont influer sur [leur] facilité d’adaptation […] en France, et, au-delà, agir sur l’intégration de leurs enfants », la connaissance de la langue française apparaît comme « une clé essentielle ».

Quel que soit le parcours des personnes interrogées, « l’école joue un rôle primordial [et] fait souvent partie du projet d’immigration ». Ainsi, « inscrire ses enfants à l’école est souvent le premier acte social des personnes qui arrivent en France, parfois même avant le logement ». Les rapports avec le monde de l’école vont varier en fonction de plusieurs facteurs, au premier rang desquels l’âge de l’enfant : ils sont plus personnalisés dans les classes maternelles et primaires, tandis qu’une arrivée tardive en France peut signifier une moins bonne maîtrise de la langue française, déstabilisante pour l’adolescent. Au-delà, l’étude a distingué quatre types de profils pour décrire les rapports des parents immigrés à l’école. La première catégorie – sous-titrée « le confort » – rassemble des personnes « dont on peut dire que l’intégration est réussie » et chez qui « la relation avec l’école est exigeante », la réussite des enfants dans ce domaine étant « un objectif très important à atteindre ». La mission de l’école est, elle, « perçue comme une mission d’autonomisation des enfants et d’ouverture culturelle ». Au sein de la deuxième catégorie – « l’ascension » –, les parents « ont des difficultés à s’en sortir mais contrôlent globalement les situations » grâce à la maîtrise de la langue française. Ils « suivent activement la scolarité des enfants, pour leur éviter “la galère” plus tard ». Dans ce cas, immigrer en France a été un acte choisi et ne suscite pas de regrets, même si la situation matérielle des familles est difficile. Pour ces personnes, « l’école est un lieu de réussite et d’épanouissement ».

La troisième catégorie – « l’usure » – regroupe des personnes qui « ne maîtrisent pas le français même après plusieurs années » (pour la plupart les propos ont été traduits par un interprète) et qui « en ressentent de l’isolement, un fort malaise, une sensation d’impuissance et d’échec [et], parfois, de la honte. En sus, elles peuvent avoir l’impression de perdre le lien avec l’enfant, de ne pas pouvoir assez le “surveiller” ». Et si elles pensent que « l’école française est de bon niveau », ne parlant pas français, elles « n’ont pas la possibilité de se forger leur propre point de vue » et ont des difficultés à établir un contact avec les enseignants. Enfin, les personnes de la quatrième catégorie – « le combat » – sont celles dont la situation est la plus difficile : après avoir quitté une situation politique, sanitaire ou familiale « très pénible ou dangereuse », elles sont arrivées relativement récemment en France où elles ont d’abord vécu dans des conditions très précaires, certaines ayant passé plusieurs jours à la rue avec leurs enfants. Pour elles, « l’école joue un rôle primordial » car c’est « la première institution française qui va structurer la vie des enfants… et les maintenir au chaud et en sécurité durant la journée, alors que les parents “battent le pavé” ». L’école est ainsi dans l’ensemble « perçue très positivement, voire idéalisée, et porteuse d’espoir », ayant avant tout une « mission d’intégration professionnelle, afin que leurs enfants ne connaissent pas la même misère » et qu’ils puissent « devenir français ».

Les auteurs de l’étude indiquent par ailleurs avoir présenté aux interviewés certaines propositions issues du rapport de la députée (PS) Valérie Corre, rendu public en juillet 2014, sur les relations entre l’école et les parents. Plusieurs ont suscité leur adhésion, en particulier celles de prévoir des rencontres parents-enseignants « plus fréquentes et moins solennelles », de « multiplier les temps d’échanges et les “rituels” qui permettent de rassembler, de manière conviviale, les membres de la communauté éducative », de faire des établissements des « centres de ressources » pour les parents en y organisant des formations et des ateliers de réflexion sur des thématiques éducatives, ou encore de « nouer des liens avec les parents les plus “éloignés” de l’école en les rencontrant à leur domicile, selon des modalités adaptées ».

Notes

(1) « Etre parent immigré en France. Quelle relation avec l’école pour les parents venus de l’étranger ? » – En ligne sur www.unaf.fr.

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