Le facteur temps devrait être davantage pris en compte dans la lutte contre l’exclusion sociale, selon une étude réalisée pour le compte de la Commission européenne qui ne sera disponible qu’à l’automne(1), mais dont l’exécutif européen fait état dans un article publié le 2 septembre sur son site Internet(2). Sans réelle surprise, ce document montre que plus la pauvreté dure longtemps, plus il est difficile d’en sortir et plus le risque de tomber dans l’exclusion sociale permanente est grand. « Le temps compte en matière de pauvreté. Lors de courtes périodes de faibles salaires, les gens peuvent se reposer sur leurs économies. Mais ces ressources additionnelles s’épuisent au fil du temps : plus le temps passe, plus le compte en banque se vide, moins il y a de bijoux à revendre, et aussi moins d’amis pour offrir de l’aide et plus d’arriérés à propos desquels se stresser », explique l’article.
Les gouvernements sont donc invités à ne pas se concentrer uniquement sur le taux de risque pauvreté, qui ne fournit pas nécessairement une image représentative de la situation. L’Espagne et la Roumanie présentent par exemple toutes les deux des taux importants de risque de pauvreté, mais l’Espagne a un taux de risque de pauvreté de longue durée beaucoup moins élevé que la Roumanie (68 % contre 79 %). Même chose pour le Danemark et la Suède, deux pays où le taux de risque de pauvreté est assez faible (13 % dans les deux pays), mais dont le taux de risque de pauvreté persistante présente en revanche un écart significatif (52 % en Suède et 69 % au Danemark). La France se situe sous la moyenne européenne, avec approximativement 12 % de sa population qui présente un risque de pauvreté et 60,5 % de cette population un risque de pauvreté persistante (la moyenne européenne étant respectivement de 14 % et 64 %).
Selon l’article, afin d’élaborer des mesures préventives à long terme, les Etats membres devraient prendre davanatge en compte le taux de risque persistant de pauvreté, qui identifie les personnes vivant avec un faible revenu pour une longue période, par opposition à celles qui font face à une pauvreté transitoire. Plus précisément, il correspond à la part de gens qui sont actuellement pauvres et qui l’ont été pendant deux des trois dernières années.
(1) La recherche complète, non encore publiée, s’intitule « La durée de la pauvreté et les dynamiques de pauvreté dans l’UE ».
(2) Article disponible sur