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Solidaires dans la désillusion

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En janvier 2010, la ville de Rosarno, au sud de l’Italie, est le théâtre d’émeutes : des Africains sans papiers, employés comme ouvriers agricoles saisonniers et maintenus dans des conditions de vie précaires, réagissent violemment à l’agression d’un des leurs par de jeunes Italiens. L’événement marque le pays et Jonas Carpignano, jeune réalisateur italien, se rend immédiatement en Calabre pour connaître les circonstances qui ont provoqué cette révolte. Il y fait la connaissance de Koudous Seihon, avec lequel il noue des relations amicales. Cinq ans plus tard, il donne naissance à un long métrage de fiction, Mediterranea, inspiré de l’histoire de son ami burkinabé. Celui-ci interprète d’ailleurs le rôle principal, celui d’Ayiva, et se révèle exceptionnel devant la caméra.

Si, initialement, ce sont les événements et les personnages ayant conduit aux émeutes qui intéressaient Jonas Carpignano, son film raconte bien plus que cela : il retrace le parcours d’Ayiva, « à partir du début, c’est-à-dire à partir du périple dans le désert africain, jusqu’au choc de l’arrivée sur les côtes européennes », explique-t-il. Mediterranea montre les désillusions du héros et de son meilleur ami, Abas, quand ils s’installent enfin à Rosarno. A travers les réseaux sociaux, leurs amis déjà sur place leur avaient donné une vision erronée de l’Europe. Est-ce vraiment là la vie meilleure à laquelle ils aspiraient ? se demandent-ils. Le film témoigne néanmoins de la belle solidarité qui règne entre ces Africains qui reconstruisent une communauté loin de leurs pays. Il montre aussi la relation ambiguë des migrants avec la communauté italienne. Il faut savoir que près de 20 000 saisonniers agricoles se rendent chaque année en Calabre, dont beaucoup travaillent au noir dans les champs d’orangers gérés par l’organisation mafieuse ’Ndrangheta.

La caméra virtuose, et empathique, de Jonas Carpignano expose tous les aspects de la vie ordinaire du migrant, qui doit gérer un quotidien fait de combats, de violences, de fatigue, mais aussi de rencontres heureuses et d’exaltation d’une vie nouvelle. De ce film où l’on entend aussi bien du français, de l’italien de l’anglais, de l’arabe que du bissa se dégagent, enfin, deux points de vue : celui d’Ayiva, qui veut travailler dur, persuadé que cela vaudra la peine sur le long terme – l’espoir d’une régularisation ? –, et celui d’Abas, qui attend des retombées instantanées et se plaint sans cesse de sa condition.

Mediterranea

Jonas Carpignano – 1 h 47 – En salles

Culture

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