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L’expulsion du « Samaritain », constat d’un nouvel échec

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Un « choc des égoïsmes » pour le président du Conseil économique, social et environnemental (CESE), Jean-Paul Delevoye, le « signe d’un échec des politiques publiques » pour Médecins du monde et la Fondation Abbé-Pierre : les réactions, tant associatives qu’institutionnelles, ne se sont pas fait attendre après le démantèlement d’un campement rom le 27 août à La Courneuve (Seine-Saint-Denis). Dénommé « le Samaritain », ce bidonville – le plus vieux de France – abritait quelque 300 personnes (80 familles) qui « vivaient là depuis sept ans [et] se retrouvent aujourd’hui à la rue, faute de solutions suffisantes et satisfaisantes », ont souligné Médecins du monde et la Fondation Abbé-Pierre dans un communiqué commun.

Alors que l’expulsion fait suite à une procédure engagée par la mairie communiste de La Courneuve, les deux associations rappellent que, « dès septembre 2014 », elles avaient proposé de « coconstruire un projet de résorption du bidonville avec l’ensemble des acteurs concernés : les représentants de l’Etat, la mairie de la Courneuve, la société civile et les habitants du Samaritain ». Projet qui n’a pu aboutir, regrettent-elles, en dénonçant une expulsion qui « reflète à nouveau l’incohérence politique qui ne fait que déplacer le problème sans chercher de solutions de fond », alors que « des dispositifs publics auraient pu être mobilisés, comme la mission de résorption des bidonvilles, confiée à Adoma en 2014 par l’Etat[1], ou la plateforme régionale AIOS [plateforme régionale d’accueil, d’information, d’orientation et de suivi] nouvellement créée ».

Après que le Collectif Romeurope et le Collectif des associations unies pour une nouvelle politique publique du logement des personnes sans abri ou mal logées ont appelé cet été à « un moratoire immédiat des expulsions sans solutions » des familles vivant dans les campements(2), les deux associations appellent de nouveau au respect de la circulaire du 26 août 2012 relative à l’anticipation et à l’accompagnement des opérations d’évacuation des campements illicites(3). Elles demandent, par ailleurs, l’organisation d’une « conférence régionale sur les bidonvilles pour élaborer des propositions allant dans le sens d’une politique de résorption des bidonvilles, conformément aux engagements pris par le gouvernement en 2014 ».

Unicef France est également montée au créneau, s’inquiétant particulièrement du sort des enfants à la suite de cette « décision sans alternative qui intervient à la veille de la rentrée scolaire ». Surpris par le « caractère improvisé des conditions dans lesquelles l’évacuation semble s’être déroulée », le défenseur des droits, Jacques Toubon, a également fait part de « sa vive préoccupation à propos des enfants qui vivaient dans le camp, [qui étaient] identifiés et suivis pour certains depuis plusieurs années par les services sociaux et les associations ». Il a appelé, « avec la plus grande fermeté », les pouvoirs publics à s’assurer, dans les meilleurs délais, que l’ensemble des enfants pourront poursuivre leur scolarité. « En juillet, ce sont au moins 30 lieux de vie [qui ont été évacués], soit plus de 2 800 personnes dont 800 enfants qui ont été expulsées, constate plus globalement le Collectif pour le droit des enfants rom à l’éducation. Les expulsions mènent comme toujours à des ruptures de parcours scolaires. »

Notes

(1) Voir ASH n° 2846 du 7-02-14, p. 5.

(2) Voir www.ash.tm.fr, rubrique « Actus/Toutes les actualités », article du 21-07-15.

(3) Voir ASH n° 2772 du 31-08-12, p. 20.

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