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Former pour mieux coopérer

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Afin de créer la culture commune qui fait défaut à l’Education nationale et au secteur médico-social pour travailler de concert, des efforts de formation sont incontournables. Associations et pouvoirs publics sont mobilisés.

Comment lutter contre les blocages culturels qui freinent le développement de classes externalisées à destination des enfants des établissements médico-sociaux et, plus globalement, la collaboration intersecteurs ? La réponse fait consensus : en développant la formation. Le décret du 2 avril 2009 sur la coopération entre établissements médico-sociaux et scolaires précise d’ailleurs que les établissements médico-sociaux et les associations du secteur peuvent concourir aux formations relatives à l’accueil et à l’éducation des élèves handicapés destinées aux enseignants et à l’ensemble du personnel de l’Education nationale. « Les associations sont très attachées à ce principe, mais c’est aussi un enjeu pour l’Education nationale : le ministère, qui affecte environ 5 000 enseignants spécialisés dans les unités d’enseignement, a tout intérêt à ce que son personnel apporte la meilleure formation possible aux élèves handicapés », explique Sandrine Lair, chef du bureau de la personnalisation des parcours scolaires et de la scolarisation des élèves handicapés à la direction générale de l’enseignement scolaire (Dgesco).

Formations croisées

Il faut proposer des modules communs à tous les professionnels de l’Education nationale et du médico-social, plaide Sophie Cluzel, présidente de la Fnaseph (Fédération nationale des associations au service des élèves présentant une situation de handicap) : « Scolariser les enfants handicapés, c’est faire travailler côte à côte enseignants et éducateurs. Or ils ne se connaissent pas. Des formations partagées, intégrant l’expertise parentale, permettraient à chacun de mieux saisir les complémentarités qui existent entre eux. » « Il faut absolument aller vers des formations croisées : elles permettront d’abattre les murs qui cloisonnent les fonctionnements professionnels », renchérit Dominique Leboiteux, administrateur de la Fnaseph. Ce type de formation commune est au programme de la convention signée en 2013, pour cinq ans, entre la Fédération des APAJH (associations pour adultes et jeunes handicapés) et le ministère de l’Education nationale. Dans ce cadre, la fédération s’engage également à participer à la formation des enseignants spécialisés et de tous les enseignants confrontés à l’accueil d’un élève en situation de handicap. « Cette convention, qui sert de réceptacle à toutes les bonnes intentions de part et d’autre, a permis de débloquer certains obstacles. Mais beaucoup reste à faire », observe Jean-Louis Garcia, président de la fédération.

Pour mieux préparer les enseignants au handicap, l’Unapei (Union nationale des associations de parents, de personnes handicapées mentales et de leurs amis) a présenté une proposition radicale : organiser des stages dans les établissements médico-sociaux pour les enseignants. « Ce serait un excellent moyen de casser leur attitude de défense face au handicap, mais nous n’avons pas été entendus », regrette Thierry Nouvel, directeur général de l’union. Il attend que « l’Education nationale fasse sa révolution en développant des méthodes éducatives qui s’adaptent à tous les enfants. Il faut que ceux qui ont des besoins particuliers ne soient plus mis en difficulté comme c’est le cas aujourd’hui. »

Un groupe de travail piloté par la Dgesco et la caisse nationale de solidarité pour l’autonomie (CNSA) réfléchit depuis deux ans à l’élaboration et à la mise en œuvre d’outils de formation en collaboration avec Unifaf, le fonds d’assurance formation de la branche sanitaire, sociale et médico-sociale privée à but non lucratif, et le Centre national de la fonction publique territoriale (CNFPT). Une formation nationale sur l’évolution du contexte réglementaire, destinée à l’ensemble des cadres intervenant dans la scolarisation des élèves handicapés (directeurs de maisons départementales des personnes handicapées, directeurs d’établissements médico-sociaux, inspecteurs de l’Education nationale chargés de l’adaptation scolaire et de la scolarisation des élèves handicapés), a ainsi été expérimentée en Picardie en juin dernier.

Réflexion nationale

La démarche devrait essaimer en France à partir de cet automne et être suivie par une formation en direction des enseignants référents(1), des enseignants des classes pour l’inclusion scolaire (CLIS) et des unités localisées pour l’inclusion scolaire (ULIS), des enseignants spécialisés et des personnels éducatifs des établissements médico-sociaux.

En outre, un séminaire national où interviennent la CNSA, la DGCS et la Dgesco réunit, depuis deux ans, à la fin septembre, environ 300 professionnels des deux secteurs : « Cette façon d’afficher notre coopération nationale autour d’une parole unique permet d’infuser une culture commune qui, nous l’espérons, permettra de réduire peu à peu les rivalités entre les secteurs », explique Sandrine Lair.

Notes

(1) Les enseignants référents sont des enseignants spécialisés qui assurent, auprès des élèves handicapés du département, la permanence des relations entre les parents, l’école, le secteur médico-social, la MDPH…

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