A l’âge de la retraite, Gilbert Gillet décide de retracer son parcours d’enfant pris en charge par la direction départementale de l’action sanitaire et sociale (DDASS) en Limousin au cours des années 1950 et 1960. Arraché à 8 ans à une famille d’accueil aimante, il est ensuite envoyé dans une autre famille dans laquelle, pour son malheur, il va passer toute son enfance. Chez cette nouvelle « gardienne », l’enfant est victime de moqueries à cause de son énurésie, et considéré comme un valet de ferme gratuit. C’est peu de dire que l’école ne le protège pas. Quand 10 francs disparaissent de la classe, c’est aussitôt « l’enfant de la DDASS » qui est soupçonné. L’instituteur se rend dans la famille d’accueil pour dénoncer le méfait supposé et assiste sans mot dire à la terrible « correction ». Le petit Gilbert est ensuite placé en quarantaine dans la classe pendant des semaines.
Le récit, écrit simplement et sans pathos, n’est toutefois pas totalement sombre. A ces professionnels défaillants s’opposent d’autres adultes, médecins, directrice départementale de l’action sociale, assistante sociale. D’ailleurs, grâce à l’intervention de ces deux dernières, la situation du garçon s’améliore. Devenu grand, il va d’abord retrouver sa première famille d’accueil, avant de rechercher sa mère biologique. Près de cinquante ans plus tard, il obtient l’autorisation de consulter son dossier et peut mesurer les erreurs qui ont été commises. Originalité de l’ouvrage, celui-ci se conclut par un entretien avec l’actuelle directrice « prévention-protection de l’enfance » du conseil départemental de la Haute-Vienne au sujet des pratiques actuelles pour éviter de tels dysfonctionnements.
Moi, Gilbert G., l’enfant délaissé
Gilbert Gillet, avec la collaboration de Françoise Gonfroy – Geste éditions – 20 €