Convaincre les victimes de violences d’appeler le numéro d’écoute 3919… C’est l’objectif du webdocumentaire En prises, réalisé par la réalisatrice sonore Cécile Liège et le photographe Benben pour le groupe de travail « Lutte contre les violences intrafamiliales et conjugales » de la communauté d’agglomération du Choletais. Le webdoc était à l’origine une exposition, qui s’est tenue à Cholet à la fin 2014 et invitait à une écoute intime de témoignages de victimes. « Les femmes ont parfois besoin d’entendre qu’elles ne sont pas seules à être victimes de violences. L’écoute de la voix d’une autre femme peut avoir un impact autrement plus important qu’un témoignage écrit, dont la lecture offre moins de réalisme et d’intimité », explique une conseillère conjugale, membre du groupe de travail. A présent en ligne, ces voix, accompagnées d’images souvent abstraites – des immeubles floutés, des paysages, des parties de corps de femme, parfois un joli sourire – sont celles de quatre femmes anonymes, victimes de violences physiques, sexuelles ou psychologiques, qui déballent l’horreur qu’elles ont vécue. Leurs récits retracent aussi la reconquête de la liberté, de l’estime de soi et de la possibilité d’agir. La narration est découpée en quatre étapes, des petits films d’une huitaine de minutes répondant à quatre thématiques : « les violences subies », « le départ », « les obstacles » et « la vie aujourd’hui ». A travers ces étapes, leur histoire se dessine. « La première fois qu’il m’a giflée, j’avais 20 ans et on n’était pas encore mariés. Je croyais alors que ce n’était pas grand-chose », raconte l’une d’elles, qui a vécu vingt-cinq années de violences. « Parfois, il se passait trois mois sans qu’il s’énerve, c’était le paradis. » Toutes ces personnes qui témoignent admettent qu’elles ont été trop indulgentes, trop longtemps. « Pour moi, c’était la vie d’une femme normale », explique une autre, qui n’avait le droit ni de se maquiller, ni de se faire des amis, ni même de manger ce qu’elle voulait. « Les pardons effaçaient le mal qu’il me faisait » ; « et puis il disait qu’il m’aimait. » Toutes ont beaucoup culpabilisé : « Il me disait que tout était de ma faute. » C’est souvent quand leur conjoint s’en est pris aux enfants qu’elles ont décidé de demander de l’aide, même si certaines craignaient qu’on ne les prenne pas au sérieux : « Je pensais que je n’allais pas être comprise car, à l’extérieur, c’était quelqu’un de charmant », reconnaît celle-ci. La bataille gagnée, parfois un nouvel amour, « sain », retrouvé, elles disent vivre, enfin.
Le site web est complété par des onglets présentant les structures vers lesquelles les victimes peuvent se tourner, des questions-réponses sur les violences familiales et la possibilité d’emprunter gratuitement l’exposition En prises.
En prises
Cécile Liège et Benben – A voir sur