« Voici que les ASH demandent à leurs lecteurs de choisir celui ou celle qui a le plus marqué le social. Et de numéro en numéro on nous propose et on nous présente des impétrants, avec leur accord est-il précisé.
J’en connais beaucoup. Nous avons partagé des réflexions, des tentatives de mobilisations collectives, des tribunes, forum, comités de lutte, manifestations, “états généraux”, séminaires, enseignements… En fait, je connais surtout les vieux, un peu moins les jeunes, encore que. Chacun, chacune a apporté sa pierre à ce que tous ensemble ils ont tenté d’édifier pour les plus anciens, tenté de développer puis de défendre pour ceux de ma génération et les nouveaux venus qui s’accrochent. Moi je vote pour toutes et tous. Enfin, surtout pour tous, parce que la parité est encore à gagner, ici comme ailleurs.
Mais je me pose deux questions liées : et les jeunes ? Et après vous ?
On est dans un “effet Panthéon” : pour être reconnu et valorisé, il faut être mort, ou presque. On salue une œuvre passée, un engagement exemplaire, d’hier. Nombre des notices des impétrants disent bien leur lent retrait des affaires, des postes de décision forte à des postes d’administration de la mémoire, de l’histoire, ou de l’associatif. Où est la génération des quarantenaires, ceux qui sont aux manettes, en pleine ascension vers les postes de décision, ceux qui apportent un air frais, des façons de voir riches de l’histoire mais aussi construites dans l’époque ? Ils sont quelques-uns, seulement, bien peu. Moins connus ? Moins repérables ? Ces deux hypothèses conduisent à ma seconde question.
Et vous, mes camarades éléphants, où sont ceux qui prendront le relais et que vous avez formés ? Ne me répondez pas qu’ils sont dans les écoles, dans les mobilisations, trop facile. X ou Y prendront votre place dans les négociations syndicales, dans les déconstructions du sens commun du social, dans le souci de la valorisation des compétences pratiques des gens de terrain. Mais, surtout, comment avez-vous travaillé à votre succession ? Et si vous y avez travaillé, alors pourquoi ne lâchez-vous pas plus la barre aujourd’hui ?
Ma seconde question est à deux détentes. Elle interroge aussi mes camarades de mon âge (63 ans) en leur demandant pourquoi ils ne réussissent pas à passer la main du pouvoir, de l’existence sociale supervalorisée, en occupant toutes les places associatives au nom de la continuité de la pensée et du droit à l’engagement. Vous voulez vraiment aider l’associatif ? Alors laissez la place aux jeunes ! »
(1) Et rédacteur en chef de la revue des CEMEA VST (Vie sociale et traitements).
(2) Voir ASH n° 2917 du 3-07-15, p. 22, n° 2918 du 10-07-15, p. 22 et n° 2919-2920 du 17-07-15, p. 30 – Le vote est ouvert jusqu’au 12 octobre sur