Alors que « le taux de renoncement aux soins pour raisons financières est un indicateur de plus en plus utilisé pour identifier des problèmes d’accès aux soins des populations, en complément d’autres indicateurs plus objectifs », une étude de la direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES) en relativise la portée, en indiquant que le niveau du taux de renoncement obtenu « est très sensible à la formulation de la question » posée aux personnes interrogées(1). En revanche, « les déterminants sociaux du renoncement aux soins pour raisons financières sont identiques quelle que soit la formulation adoptée ».
Autrement dit, les taux de renoncement aux soins – mesurés à l’aide de questions du type : « Au cours des 12 derniers mois, avez-vous renoncé à un soin pour des raisons financières ? » – ne peuvent guère être interprétés en niveau et les comparaisons entre années impliquent des modes de collecte identiques. Mais ces enquêtes peuvent cependant fournir des indications fiables sur les caractéristiques sociales des personnes enquêtées. En effet, « la structure sociodémographique des personnes déclarant avoir renoncé à au moins un soin pour raisons financières au cours des 12 derniers mois est identique quelle que soit la formulation retenue », constate cette étude. « Par exemple, quelle que soit la formulation retenue, environ 20 % des personnes déclarant avoir renoncé à un soin au moins n’ont pas de diplôme ; environ 30 % appartiennent au premier quintile de niveau de vie (les 20 % des ménages aux revenus en équivalent adulte les plus faibles) et 30 % au deuxième quintile. » Et la DREES de souligner l’intérêt de pouvoir s’appuyer sur ce type d’enquêtes : « l’analyse des déterminants sociaux du renoncement aux soins pour raisons financières peut permettre d’identifier les populations pour lesquelles les barrières financières d’accès aux soins sont les plus marquées et donc susceptibles de bénéficier en priorité de mesures destinées à améliorer l’accès aux soins (mesures modifiant le reste à charge après assurance maladie obligatoire ou complémentaire, mesures destinées à améliorer l’accès la couverture complémentaire, etc.) ».
Au final, résume la DREES, « quelle que soit la formulation retenue : les femmes renoncent plus que les hommes, les individus célibataires plus que ceux en couple, les ouvriers et les inactifs davantage que les cadres ou les professions intermédiaires, les non-couverts davantage que les personnes couvertes par une couverture complémentaire santé, les non-diplômés ou titulaires du brevet, d’un CAP ou d’un BEP davantage que les titulaires du baccalauréat ou d’un diplôme de l’enseignement supérieur ».
(1) « Renoncement aux soins pour raisons financières » – Dossiers Solidarité et Santé n° 66 – Disp. sur