Le cadre de l’Union européenne pour les stratégies nationales d’intégration des Roms n’a pas encore produit tous ses effets, selon la Commission européenne. Dans un rapport d’évaluation rendu public le 17 juin dernier(1), l’exécutif européen note en effet que les discours haineux envers les populations rom sont en augmentation, que la ségrégation des enfants rom dans l’éducation persiste et que la majorité des Roms marginalisés estiment être victimes de discrimination lorsqu’ils recherchent un emploi. En ce qui concerne en particulier la France, 66 % des Français ont une opinion défavorable des Roms et environ 65 % des Roms s’y disent discriminés lorsqu’ils recherchent un emploi.
Lancé en 2011, le cadre européen demande aux pays membres de s’engager dans des stratégies nationales d’intégration dans les domaines de l’éducation, de l’emploi, des soins de santé et de logement jusqu’en 2020 au moins. La Commission en surveille l’application à travers des rapports annuels de mise en œuvre. Sa quatrième évaluation annuelle porte tout particulièrement sur l’utilisation des fonds européens, le rôle des points de contact nationaux pour les Roms(2), la lutte contre les discriminations et les méthodes de suivi. Le rapport est, comme d’habitude, très politiquement correct : il se borne à des généralités et ne pointe aucun pays du doigt. « Les mesures de sensibilisation et antidiscriminatoires sont une condition préalable au succès de l’intégration des Roms, et pourtant elles ne figurent pas suffisamment au rang des priorités dans la plupart des stratégies nationales », note par exemple simplement la Commission. Elle observe également d’importants obstacles à la participation des Roms à la société civile : « la représentation légitime des Roms et la participation large et transparente de la société civile ne sont toujours pas une réalité dans la plupart des Etats membres ». La Commission souligne tout de même une série de bonnes pratiques pour lesquelles la France n’est jamais prise en modèle.
Au final, l’exécutif européen recommande d’allouer davantage de ressources financières et humaines aux Etats membres et encourage donc les Etats membres à « tirer tout le parti possible des nouveaux instruments et fonds disponibles dans le cadre des Fonds structurels et d’investissement européens ». La Commission souhaite aussi donner un mandat de coordination renforcée aux points de contact nationaux. Parmi les autres grandes priorités à traiter de toute urgence, elle cite également « le besoin de transformer les structures de coordination formelles en de véritables mécanismes de coordination et de coopération auxquels participeront toutes les parties prenantes » via des plateformes nationales pour les Roms. Ou encore d’assurer un suivi rigoureux des stratégies nationales, « pour produire des effets tangibles tant attendus au plan local ».
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(2) Chaque Etat membre a été invité à désigner un point de contact national, qui a le pouvoir de coordonner le développement et la mise en œuvre de la stratégie nationale pour l’intégration des Roms. En France, il s’agit de la délégation interministérielle à l’hébergement et à l’accès au logement, qui est placée sous la responsabilité du Premier ministre.