Recevoir la newsletter

Confidences de psy

Article réservé aux abonnés

Deux psychiatres prennent la plume pour raconter les dessous de leur métier, mais aussi pour « rendre hommage à leurs patients ». Magali Bodon-Bruzel est chef d’un pôle médico-hospitalier regroupant le service de psychiatrie du centre pénitentiaire de Fresnes (Val-de-Marne) et une unité d’hospitalisation pour les détenus en souffrance psychique. Véronique Griner-Abraham est psychiatre de liaison au centre hospitalier universitaire de Brest (Finistère). Les deux médecins sont au cœur de drames, mais chacun a choisi un ton léger et une écriture accessible pour évoquer son quotidien, « qui suscite une curiosité fascinée ou révulsée », comme l’explique Magali Bodon-Bruzel.

Dans L’homme qui voulait cuire sa mère, la psychiatre diplômée en criminologie appliquée à l’expertise mentale parle de ces femmes et hommes « qui ont souffert et commis des actes graves » en raison de leurs pathologies mentales dangereuses et qui, de son point de vue de soignante, sont des « personnes remarquables ». Sa patientèle est sous main de justice : certains entendent des voix et vivent dans la terreur d’être anéantis, d’autres sont convaincus de l’obligation d’accomplir une mission divine. Il y a un « schizophrène pseudopsychopathe », un jeune père infanticide qui redoute de se retrouver libre face à ses terribles remords, un père incestueux qui se demande si sa fille n’avait pas été finalement un peu consentante, un quinquagénaire que les extraterrestres torturent comme il a lui-même massacré sa jeune victime, sans oublier celui qui a fait cuire la tête de sa mère !

Quant à Véronique Griner-Abraham, après avoir raconté dans Vieillissimo ses quinze années de pratiques de géronto psychiatrie(1), elle propose aux lecteurs d’Un psy à l’ouest de découvrir ce que recouvrent ses nouvelles fonctions de psychiatre de liaison. A elle d’intervenir dans l’ensemble des services à la demande du personnel hospitalier ou des malades eux-mêmes. « Si je devais décrire ma journée en images, il y aurait des gens très gros, des très maigres, des très vieux, des adolescents, des femmes sans cheveux, des bouteilles d’oxygène, des tuyaux bizarroïdes, des regards remplis d’angoisse ou de résignation », écrit celle qui a conservé son écriture décalée. Tentant de ne pas se perdre dans le dédale des couloirs de l’hôpital pour se rendre au chevet de malades du cancer, de victimes d’un infarctus ou d’un grave accident pouvant induire une souffrance psychologique, elle constate : « Pendant des années, je me suis occupée de patients qui avaient peur de vivre, envahis par la psychose ou la névrose. Maintenant, je m’occupe de ceux qui ont peur de mourir. » Elle prend aussi en charge leur entourage familial, accompagne les deuils et gère le stress des équipes soignantes. Au fil des pages s’entrelacent tragédie et cocasserie, alors que l’on fait connaissance avec Alice, Alban, Alphonse, Vincent ou Antonin, des adolescents, des nonagénaires, des obèses, des exilés, des infertiles…

L’homme qui voulait cuire sa mère

Magali Bodon-Bruzel et Régis Descott – Ed. Stock – 19 €

Une psy à l’ouest

Véronique Griner-Abraham – Ed. Presses de l’EHESP – 10 €

Notes

(1) Voir ASH n° 2847 du 14-02-14, p. 35.

Culture

S'abonner
Div qui contient le message d'alerte
Se connecter

Identifiez-vous

Champ obligatoire Mot de passe obligatoire
Mot de passe oublié

Vous êtes abonné, mais vous n'avez pas vos identifiants pour le site ?

Contactez le service client 01.40.05.23.15

par mail

Recruteurs

Rendez-vous sur votre espace recruteur.

Espace recruteur