Arrimée au terrain

A la direction départementale des affaires sanitaires et sociales (DDASS) du Bas-Rhin, au Conseil de l’Europe, à la Fondation internationale de l’hôpital Albert-Schweitzer, au Gabon, à la HALDE (Haute Autorité de lutte contre les discriminations), à la Fondation Caisses d’épargne pour la solidarité, à la FISAF (Fédération nationale pour l’insertion des personnes sourdes et aveugles de France), auprès du défenseur des droits… Maryvonne Lyazid a consacré toute sa carrière à « entreprendre au service des personnes », comme elle le raconte dans son autobiographie professionnelle. Handicap, précarité, grand âge, insertion, protection de l’enfance, son cheminement lui a permis d’approcher tous les domaines de l’action sociale et médico-sociale, et de se forger de fermes convictions sur les principes qui devraient guider son fonctionnement : la coconstruction avec les personnes accompagnées, la reconnaissance « institutionnelle et idéologique » d’une forme de « transgression créative », ou encore l’ancrage des politiques publiques dans la défense des droits fondamentaux. S’appuyant sur des exemples concrets, Maryvonne Lyazid n’hésite pas à bousculer les schémas du secteur. Elle déplore par exemple la « diplômite » et la segmentation entre professionnels, plaide pour la construction d’espaces d’intermédiation entre usagers et institutions et tire à boulets rouges sur la contractualisation en matière d’aides sociales : « L’homme ou la femme qui remplit une demande de RSA doit accepter d’être identifié(e) comme profiteur et quelque part de signer sa propre indignité », écrit-elle. Critique mais toujours enthousiaste, Maryvonne Lyazid défend surtout une conception du travail social solidement arrimée au terrain : « Les acteurs de terrain ne peuvent être cantonnés à la simple déclinaison de plans d’actions nationaux ou régionaux, à la rédaction de réponses aux appels d’offres élaborés par les agences régionales de santé ou à la lecture de dizaines de circulaires », soutient-elle, préférant miser sur « leur capacité d’innovation et de pragmatisme ».