Dans son deuxième rapport annuel(1), publié le 30 juin, l’Observatoire de la laïcité retrace son année de travail, marquée notamment par les attentats de janvier dernier. L’occasion aussi pour l’instance présidée par Jean-Louis Bianco de dresser plusieurs constats.
En premier lieu, « il y a un besoin criant de formation à la laïcité » – pour les acteurs de terrain, les élus, les journalistes… – et de pédagogie. Cette situation ne date pas d’hier et a, du reste, amené l’observatoire à impulser dès 2013 de nombreuses formations de terrain. Un plan de formation est en outre déjà lancé avec le ministère de la Fonction publique tandis qu’un autre est en cours de mise en place avec le ministère de la Ville, de la Jeunesse et des Sports, « à destination de tous les relais de la politique de la ville, agents et éducateurs spécialisés ».
Autre observation : la crainte d’un glissement de la laïcité vers une volonté de « neutralisation de la société et des individus » et de son instrumentalisation est « particulièrement sensible ». De plus, « la crise économique et sociale, la trop faible mixité sociale dans certains quartiers et établissements scolaires et le contexte international » renforcent les replis identitaires et les communautarismes, « conduisant dans certains cas à des pratiques religieuses réinventées et radicales ». Et, bien que les remontées de terrain – tant publiques que privées – fassent état de peu de problèmes ayant directement trait à la laïcité, l’instance observe une crispation très forte autour de la visibilité religieuse dans l’Hexagone.
Constats plus positifs, l’instance note que, lorsqu’il y a des difficultés, celles-ci trouvent le plus souvent une réponse par le dialogue. Et que les conflits naissent « par méconnaissance des règles de droit ou lorsque tout dialogue est refusé, par provocation ou militantisme ». Par ailleurs, les actions menées au niveau local par les collectivités, les préfectures, les associations ou les citoyens eux-mêmes ont un impact positif certain, tout en restant le plus souvent méconnues. Elles gagneraient donc à être « mises en valeur et démultipliées sur l’ensemble du territoire », estime l’observatoire. Enfin, malgré les attentats, les atteintes directes au principe de laïcité ne semblent pas en augmentation comparativement au bilan de l’an dernier. Et « on [note] en même temps une réelle prise de conscience autour de la nécessaire pédagogie de la laïcité ». Cela s’illustre « par une multiplication des initiatives, des formations, des débats citoyens et des sollicitations reçues quotidiennement par l’Observatoire de la laïcité ».
(1) Rapport disponible sur