Après trois années de « forte croissance », le nombre de salariés et les embauches dans le secteur de l’insertion par l’activité économique (IAE) se sont stabilisés en 2013 avec, notamment, des recrutements en hausse de seulement 0,5 % (contre + 2,8 % en 2012). « Cette pause est la première depuis la crise de 2008-2009 et fait suite à une hausse du nombre de salariés en insertion au cours des six dernières années (+ 20 %), essentiellement porté par les ateliers et chantiers d’insertion (ACI) et les associations intermédiaires (AI) », constate la direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (DARES) dans sa dernière étude consacrée à l’IAE(1).
Les premières embauches ont en effet « nettement ralenti dans les AI et les ACI », souligne la DARES. Ainsi, dans les ateliers et chantiers d’insertion, où elles « représentent environ la moitié des contrats signés », elles sont passées d’un rythme de croissance de 3,1 % en 2012 à 1,4 % en 2013. Dans les associations intermédiaires, les mises à disposition sont en baisse (– 2,6 % en 2013, après + 4,6 % les deux années précédentes) « en raison d’une activité moins dynamique » et, au final, l’augmentation du nombre d’heures travaillées « a nettement ralenti » : + 1,3 % après + 8 % en 2012. La diminution des entrées dans les entreprises d’insertion (EI), amorcée en 2011, s’est, pour sa part, amplifiée en 2013. Les EI ont « réduit les renouvellements de contrat, mais surtout diminué les premières embauches », qui sont progressivement passées de 15 300 à 12 400 entre 2008 et 2013, tandis que le nombre d’entreprises actives « a continuellement décru depuis 2010 » (de 1 004 à 928 en 2013).
Seules les entreprises de travail temporaire d’insertion (ETTI) se distinguent puisque les embauches y ont augmenté après une baisse en 2012. Leur activité est ainsi « redevenue très dynamique en 2013 ». Le volume d’heures travaillées a enregistré une croissance de 10 %, passant de 12,8 à 13,9 millions entre 2012 et 2013, et le nombre de missions réalisées « a rebondi fortement (+ 11 %), pour atteindre 313 500 après une baisse de près de 2 % l’année précédente ». Par ailleurs, si le nombre d’heures moyen par mission est resté quasiment stable, le nombre annuel moyen de missions par salarié a augmenté fortement.
La DARES rappelle également qu’un tiers des salariés de l’IAE (127 600 en moyenne chaque mois, répartis dans 3 800 structures) travaillent dans le domaine des services à la personne ou à la collectivité, sachant que, traditionnellement, « chacun des quatre types de structures de l’IAE est plus ou moins spécialisé dans certains secteurs et recrute sur des métiers particuliers ». Les EI sont ainsi les seules à se positionner sur des secteurs d’activité aussi diversifiés que les entreprises classiques, tandis que la moitié des salariés embauchés dans les AI exercent des métiers de services et que ceux des ACI sont les plus nombreux à être affectés à l’entretien des espaces naturels et espaces verts ou à la production agricole. Enfin, la « construction est dominante et surreprésentée dans les ETTI » (45 % des nouveaux salariés y travaillent).
Quant au profil des salariés de l’IAE, il ne change guère d’une étude à l’autre : ce sont des personnes, majoritairement des hommes, et ayant un faible niveau de formation, les plus éloignées de l’emploi étant accueillies dans les ACI. Seule variable : la durée passée dans une structure a de nouveau augmenté en 2013, de deux mois, toutes structures confondues. « Cette hausse a été particulièrement marquée dans les ACI, dans lesquels très rares étaient les salariés ayant passé plus de deux ans dans la structure en 2011, tandis qu’ils sont 11,6 % en 2013 », pointe la DARES, qui souligne en outre que, cette année-là, la durée des contrats s’est allongée pour l’ensemble des contrats aidés, dans l’IAE ou non.
(1) « L’insertion par l’activité économique en 2013 » – DARES Analyses – n° 046 – Juin 2015 – Disponible sur