Dans un contexte marqué par la crise économique et la fragmentation de la société, l’« inclusion sociale » est une notion qui fait florès, soulignent Anne Barrère, sociologue de l’éducation, et François Mairesse, professeur de muséologie et d’économie de la culture à l’université Paris-3, coordonnateurs de cet ouvrage collectif. A l’école, la lutte contre l’exclusion peut emprunter des chemins de traverse, sans enjeux proprement scolaires : ceux de l’éducation artistique. Il en est ainsi des dispositifs d’action culturelle animés par des artistes, qui sont mis en place depuis 2009 dans les collèges de Seine-Saint-Denis. Visant particulièrement des élèves qui représentent des « exclus de l’intérieur » dans l’institution, parce que considérés comme en voie de décrochage, « ces expériences artistiques se révèlent […] dans bien des cas plus inclusives que la vie de classe ordinaire », soulignent Anne Barrère, Géraldine Bozec, chercheure en sciences politiques, et Nathalie Montoya, sociologue. Les musées sont d’autres lieux de culture mobilisables dans une logique d’inclusion sociale. Mais Serge Saada, qui a une longue pratique de médiation culturelle au sein de l’association Cultures du cœur, montre les limites de la mixité dans les musées, tant du point de vue des groupes d’affinités qui se constituent pour les visites que de l’accueil de ces derniers dans les établissements. La sociologue Léa Mestdagh constate une même clôture dans les jardins partagés ayant fleuri à Paris. Alors même que ces petits îlots de verdure s’autopromotionnent en tant qu’outils de cohésion sociale, ils cultivent surtout l’entre-soi.
L’inclusion sociale. Les enjeux de la culture et de l’éducation
Sous la direction d’Anne Barrère et de François Mairesse – Ed. L’Harmattan – 16,50 €