En 1976, Barbara Solomon, travailleuse sociale afro-américaine et professeure d’université, publie l’ouvrage Black Empowerment destiné aux travailleurs sociaux en formation ou en activité. Ce livre, qui fait encore référence, interroge les limites du travail social dans la communauté noire dominée et stigmatisée. Cette première tentative de théorisation de la démarche d’empowerment est approfondie quelques années plus tard par Lorraine Gutiérrez, travailleuse sociale latino-américaine, également professeure d’université en travail social. Le parcours et l’œuvre de ces deux femmes, à la fois professionnelles de terrain et théoriciennes, qui appartiennent toutes deux à des minorités ethniques, « sont emblématiques de la trajectoire de cette notion [d’empowerment], naviguant de la pratique et du militantisme féministe et/ou antiraciste vers la théorie, puis de la théorie vers la pratique », expliquent Marie-Hélène Bacqué, sociologue française travaillant sur la participation dans les quartiers populaires, et Carole Biewener, économiste américaine spécialiste des questions de genre. Les deux coauteures de ce passionnant ouvrage y analysent la genèse et la fortune planétaire du concept d’empowerment, qui articule la dimension du pouvoir, à la racine du mot, et celle du processus d’apprentissage pour y accéder. En France, où la notion est d’importation relativement récente – et sa traduction difficile –, la démarche constitue un outil stimulant pour les travailleurs sociaux à la recherche de positionnements, de formes d’engagement et de modalités d’intervention renouvelés.
L’empowerment, une pratique émancipatrice ?
Marie-Hélène Bacqué et Carole Biewener – ED. La Découverte – 16 €