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Handicap psychique : « les progrès doivent aller plus vite »

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Le 25 juin, l’Union nationale des amis et familles de personnes malades et/ou handicapées psychiques (Unafam) consacrait un colloque au bilan de la loi « handicap » du 11 février 2005, qui a reconnu les troubles psychiques comme un handicap à part entière. Pour Béatrice Borrel, vice-présidente de l’union, des progrès restent à faire.
Dix ans après son vote, quels sont les impacts de la loi « handicap » ?

La reconnaissance de la notion de handicap psychique a permis de donner une visibilité aux difficultés liées à ces troubles et de les différencier du handicap mental. Cette visibilité nous a permis de faire part des besoins des personnes et de leurs familles. Nous sommes aujourd’hui intégrés aux groupes de travail nationaux sur le handicap et nous venons d’obtenir, pour la première fois, un poste au conseil d’administration de l’Agefiph (Fonds pour l’insertion professionnelle des personnes handicapées). La prise en compte de ce handicap dans le rapport « Le Houérou » sur l’insertion professionnelle des personnes handicapées est un signe positif(1).

Quelles sont vos attentes ?

Aucun outil spécifique n’existe pour définir, pour les personnes handicapées psychiques, le taux d’incapacité qui donne accès à la prestation de compensation du handicap (PCH). Résultat : aujourd’hui, rares sont celles qui en bénéficient car les critères d’attribution ne sont pas adaptés. Un progrès néanmoins : nous allons travailler, à partir de 2016, à la création d’un guide avec la caisse nationale de solidarité pour l’autonomie, pour évaluer les troubles psychiques.

Qu’en est-il des structures d’accueil ?

Les manques restent criants : les services d’accompagnement à la vie sociale destinés à ce public ne sont pas assez nombreux. Il existe trop peu de résidences accueil et les foyers ou maisons d’accueils médicalisés, adaptés au handicap mental, ne répondent souvent pas aux besoins des personnes handicapées psychiques. Faute de solution, la moitié des personnes vivent dans leurs familles. Quant aux groupes d’entraide mutuelle, leur création est bloquée par manque de moyens. Enfin, l’insertion professionnelle ne concerne qu’une petite partie des personnes. Les établissements et services d’aide par le travail accueillent peu ce public ou alors aux côtés de personnes handicapées mentales dont les difficultés sont différentes. Il faudrait proposer des activités diversifiées aux personnes souffrant de troubles psychiques et mettre en place des possibilités de travail à temps partiel. Depuis le décret du 16 août 2011, les personnes qui travaillent plus d’un mi-temps dans le milieu ordinaire ne peuvent plus cumuler leur revenu avec l’allocation aux adultes handicapés, ce qui ne les incite pas à travailler. Au final, on avance lentement depuis dix ans. Les progrès doivent aller plus vite !

Le projet de loi « santé » va-t-il dans le bon sens ?

Oui, l’article consacré à la santé mentale confirme la place du secteur psychiatrique, ce que nous souhaitons pour que toute personne puisse être soignée partout en France. Maintenant, il reste à voir la façon dont va être appliqué ce texte : nous souhaitons que les soignants se déplacent à domicile et répondent aux alertes des familles quand leur proche va mal, et que nous ne soyons pas obligés de passer par les soins sans consentement, ce qui est traumatisant pour le malade. En matière de prévention, le projet de loi ne va pas assez loin puisque les articles qui y sont consacrés ne mentionnent pas la maladie mentale.

Quels sont vos liens avec les associations d’usagers ?

Notre premier partenaire reste la Fnapsy (Fédération nationale des associations d’usagers en psychiatrie) : si notre projet de plateforme a peu avancé depuis un an(2), nous organisons des actions communes comme la deuxième édition des « Mad days », en octobre. A l’occasion de la « Mad pride » du 13 juin, certains regroupements de malades ont estimé que les familles n’avaient pas leur place dans cette manifestation. Pourtant, nous allons tous dans la même direction : promouvoir la déstigmatisation et faire en sorte qu’une personne qui souffre d’un handicap psychique puisse s’insérer dans la société(3). Pour le moment, nos mobilisations sont différentes et chacun a son approche mais il n’est pas exclu que nous nous mobilisions ensemble plus tard.

Notes

(1) Voir ASH n° 2882 du 7-11-14, p. 5.

(2) Voir ASH n° 2846 du 7-02-14, p. 18.

(3) Le 24 juin, les participants à l’opération « Psycyclette » – des personnes souffrant de troubles psychiques, des soignants, des bénévoles de l’Unafam et des cyclotouristes – sont arrivés à Paris, accueillis par le président du Sénat, après avoir parcouru 1 000 km à travers la France « pour faire connaître les troubles psychiques et briser les tabous ».

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