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Protection rapprochée

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L’Accueil sécurisant (Ac.Sé) protège les victimes de la traite des êtres humains en organisant leur éloignement géographique et leur orientation vers des hébergements généralistes. En 2014, ce dispositif a valu à l’association ALC le prix de « Prévention de la délinquance » et le deuxième prix européen de « Prévention de la criminalité ».

Ce matin, à Nice, les locaux de l’association ALC, qui héberge le dispositif Accueil sécurisant (Ac.Sé), sont étonnamment dépeuplés. Un grand coup de filet policier a frappé un réseau de proxénétisme nigérian et les gardes à vue de prostituées sont nombreuses. De fait, au cours des dernières années, plus des deux tiers des jeunes femmes passées par l’Ac.Sé étaient de nationalité nigériane, souvent prostituées et issues de la même région, Benin City, dans l’Etat d’Edo (ex-Biafra). Si, en 2001, ce dispositif a été mis en place à destination de toutes personnes victimes de la traite des êtres humains qui nécessitent un éloignement et une mise en sécurité, 90 % des personnes prises en charge sont des jeunes femmes sous la coupe de réseaux de proxénétisme. « L’année dernière, nous nous sommes occupés d’une jeune femme marocaine victime de violences conjugales et d’esclavage domestique de la part de sa belle-famille élargie. Elle a souhaité être éloignée de la région parisienne. Ce type de sollicitations est néanmoins exceptionnel », note Federica Marengo, coordinatrice du dispositif depuis quatre ans.

L’Ac.Sé(1) est né de l’expérience d’associations spécialisées en lien avec la prostitution (ALC, Le Bus des femmes, etc.). « Nous sommes partis de la difficulté de protéger les victimes de traite. Cela se faisait dans l’urgence, causant énormément de stress tant du côté des professionnels que de celui des victimes », se souvient Patrick Hauvuy, directeur du pôle « prévention hébergement insertion » d’ALC, à l’origine du dispositif. Au début, l’Ac.Sé s’est appuyé sur le réseau de la Fédération nationale des associations d’accueil et de réinsertion sociale (FNARS), avant d’étoffer le nombre de ses partenaires. Quatorze ans après, il est au centre d’un important maillage de 70 partenaires répartis un peu partout en France : le Comité contre l’esclavage moderne (CCEM) (2), une vingtaine d’associations en lien avec la prostitution et une cinquantaine de centres d’hébergement et de réinsertion sociale (CHRS). Pas question de créer des structures cantonnées à l’accueil de victimes de la traite des êtres humains. « Nous avons fait le choix d’apporter une compétence spécialisée au sein de CHRS généralistes, poursuit le responsable. Les professionnels doivent être formés à des questions particulières : les manifestations post-traumatiques, la difficulté à rompre avec le réseau, les rapports avec la famille dans le pays d’origine… » Malgré son équipe réduite – un directeur qui chapeaute plusieurs services, une coordinatrice et un chargé du développement des projets –, l’Ac.Sé organise, outre les éloignements, deux séminaires annuels d’une journée et demie à destination de ses partenaires ainsi que de nombreuses formations. Le dernier séminaire, qui s’est tenu le 5 juin dernier, a rassemblé 80 personnes venues de toute la France autour de la réforme du droit d’asile et des récits de vie. Parallèlement, l’Ac.Sé anime chaque année dans l’Hexagone une douzaine de modules de formation « Identification et accompagnement des victimes de la traite des êtres humains ». A l’automne, il va également intervenir auprès des officiers de l’Office français de protection des réfugiés et des apatrides (OFPRA). L’expertise de l’Ac.Sé lui a aussi valu d’être auditionné par le Sénat et l’Assemblée nationale pour élaborer le plan d’action national contre la traite des êtres humains, présenté en 2014 par le président de la République (3). Son financement : 197 000 € provenant du secrétariat d’Etat aux droits des femmes, de la Mairie de Paris et du ministère de la Justice.

ÉVALUER LA SITUATION DE LA PERSONNE

A Nice, dans les bureaux de l’Ac.Sé, le téléphone sonne souvent. « Je ne contacte pas seulement le dispositif dans le cadre de demandes de mise à l’abri, j’échange parfois aussi avec Federica, la coordinatrice, sur des points juridiques », souligne Anne-Marie Pichon, directrice d’Information prévention proximité orientation (IPPO), une association bordelaise qui propose un accompagnement global aux personnes en situation de prostitution. Pour chaque demande de mise à l’abri, le travail de l’Ac.Sé ne se limite pas à la recherche d’une place d’hébergement. L’évaluation de la situation est primordiale : il faut d’abord mesurer le danger dans lequel se trouve la personne. « Cette évaluation est effectuée par la victime et le travailleur social qui la suit », détaille Federica Marengo. Si, dans la majorité des cas, un simple éloignement géographique suffit, parfois, certaines jeunes femmes sont en grave danger. « Dans ces situations, rares, l’Ac.Sé a toujours répondu présent et nous a proposé très vite une solution », souligne Vanessa Simoni, chef de projet « traite des êtres humains » du Bus des femmes, à Paris. En effet, après un dépôt de plainte, il faut éloigner la personne pour la protéger des représailles du réseau auquel elle appartient. Dans d’autres cas, ce départ peut exiger du temps. « Même si les conditions de vie sont très dures, il est difficile de quitter un lieu dans lequel on a ses repères, les gens qu’on connaît. Le processus d’orientation peut prendre du temps », insiste Federica Marengo. « Certaines jeunes femmes demandent à partir dès le premier rendez-vous, mais il faut souvent plusieurs mois pour aboutir à cette décision », ajoute Vanessa Simoni.

L’adhésion de la personne au dispositif est cruciale, et il est fondamental de s’assurer que celle-ci est réellement prête à en assumer les conséquences. Car entrer dans l’Ac.Sé implique de se séparer radicalement de son environnement, d’accepter de partir dans une autre ville, de couper les ponts avec toutes ses relations. «Ces jeunes femmes ont déjà dû s’adapter à un environnement totalement différent de leur pays d’origine, poursuit Anne-Marie Pichon. Même si leur vie est difficile, à travers les appartements communautaires, l’office du dimanche, elles ont pu trouver des points d’attache avec lesquels elles vont devoir rompre. » A Bordeaux, la psychologue d’IPPO rencontre d’ailleurs systématiquement les personnes qui pourraient entrer dans le dispositif pour s’assurer qu’elles sont en mesure de supporter cette nouvelle rupture.

L’INSTRUMENTALISATION DES DEMANDES D’ASILE

Après avoir coupé les liens avec un réseau de proxénétisme, dans la grande majorité des cas, un retour au pays est inenvisageable, ne serait-ce qu’en raison de la « dette » souvent très importante qui leur est imposée (voir encadré ci-contre). Et sans titre de séjour, les possibilités d’insertion sont faibles, voire inexistantes. Il n’est donc pas question de faire l’impasse sur l’accompagnement administratif. Selon l’article L. 316-1 du code de l’entrée et du séjour des étrangers et des demandeurs d’asile (Ceseda), en cas de dépôt de plainte contre le réseau d’exploitation, la victime de traite « peut » bénéficier d’une carte de séjour « vie privée et familiale » avec autorisation de travail. En cas de condamnation du réseau, elle a droit à une carte de résident. Toutefois, déposer plainte n’est pas simple. « Avant de partir, la plupart des jeunes femmes ont fait un serment souvent accompagné de rites vaudous : je ne fuirai pas, je paierai ce que je dois jusqu’au bout, je ne dénoncerai pas à la police. Entrer dans le dispositif Ac.Sé, c’est déjà fuir et donc rompre le serment », souligne Céline Bressieux, assistante sociale et coordinatrice du « service d’aide et d’information pour les escorts » au CHRS Les Lucioles d’ALC. « Elles peuvent se dire toutefois qu’elles paieront la “dette” plus tard. En échangeant avec elles, on peut mettre en évidence la tromperie dont elles ont été victimes et relativiser la “dette”. Parler à la police, c’est vraiment aller plus loin… » Outre ce très fort obstacle mental, déposer plainte risque de mettre en danger ses proches aux pays. Un témoignage anonyme est possible, mais il n’ouvre droit à un titre de séjour que s’il intéresse la police. « Si les informations sont trop vagues, que la Madame (la maquerelle) est déjà tombée, cela ne suffit pas », explique Anne-Marie Pichon.

Qu’une plainte ait été déposée ou non, la demande d’asile est un passage obligé. Presque toutes les jeunes femmes nigérianes en ont déjà déposé une à l’OFPRA, mais souvent sous une fausse identité et avec un récit fictif fourni par le réseau de prostitution – moyennant plusieurs centaines d’euros. « Pendant toute la durée de la procédure de demande d’asile, les jeunes femmes sont en règle. Elles ne peuvent donc pas être arrêtées dans la rue » et reconduites à la frontière, explique Céline Bressieux. Cette instrumentalisation de la demande d’asile par les réseaux de prostitution est bien connue des professionnels (OFPRA compris) et les dossiers sont refusés. Pour toutes celles que les associations spécialisées accompagnent au quotidien dans l’accès aux droits, ce refus est souvent un déclic. « Elles se disent : «“Si je reste sur ce faux récit, je suis déboutée à nouveau” », explique Anne-Marie Pichon. Le lien de confiance avec les professionnels permet peu à peu de reconstruire le parcours des jeunes femmes et de produire le récit de vie à destination de l’OFPRA. « Nous partons de l’enfance, revenons sur la manière dont s’est passé le recrutement, puis sur le voyage jusqu’en France. Nous parlons aussi du vécu en France, de toutes les violences subies dans la rue, de ce qui a déclenché l’arrêt de l’activité », raconte Céline Bressieux.

Au cours des dernières années, la prise en compte par l’OFPRA de la traite des êtres humains a progressé : si auparavant seules des protections subsidiaires étaient accordées, il est maintenant possible pour les victimes de traite d’obtenir le statut de réfugié, plus protecteur. Pour éviter l’instrumentalisation de ces avancées par les réseaux, des preuves de prise de distance à l’égard de ces derniers sont demandées, mais le manque d’hébergement complique très fortement cette distanciation. En 2014, l’Ac.Sé a reçu 79 demandes d’orientation. Un chiffre à mettre en rapport avec le nombre de victimes de réseaux de traite des êtres humains. En 2014, l’OFPRA a ainsi reçu 1 129 demandes du Nigéria, dont 36 % de femmes.

DES RÈGLES STRICTES POUR GARANTIR LA PROTECTION

Contrairement à ce qui se pratique dans d’autres pays, les hébergements proposés par l’Ac.Sé ne sont pas sous haute protection policière, il s’agit de CHRS de droit commun. L’accueil étant « sécurisant » et non « sécurisé », la personne ne doit pas donner d’informations permettant de la retrouver. « Changer de puce de portable est primordial. Il faut aussi travailler avec la personne qui entre dans le dispositif sur l’utilisation des réseaux sociaux et des nouveaux outils de communication. Elle peut dire à sa famille qu’elle va bien, mais doit taire la ville où elle se trouve », poursuit Federica Marengo. L’Ac.Sé dispose d’une boîte postale à Nice. Le courrier envoyé aux personnes entrées dans le dispositif est ensuite transmis au CHRS qui les héberge. Pour que la protection soit efficace, les règles sont strictes. « Il faut couper les ponts avec tout le monde, même avec la très bonne copine à laquelle on raconte tout. Elle appartient peut-être au réseau », renchérit Anne-Marie Pichon. Le degré de secret varie toutefois selon les structures qui orientent. Une personne accompagnée par IPPO ne sait pas vers quelle ville elle se dirige jusqu’au moment où elle monte dans la voiture ou le train. Tout juste a-t-elle pu énumérer les endroits où elle souhaitait surtout ne pas aller. « Elle a pu être amenée à s’y prostituer et être mise en contact avec d’autres membres du réseau. Elle pourrait y être en danger. »

Cela implique de faire très largement confiance aux professionnels. Au moment où ces jeunes femmes prennent une décision radicale pour reprendre le contrôle de leur vie, elles se retrouvent dans une situation qui évoque celle de leur arrivée en Europe. « Dans les premières années de l’Ac.Sé, nous avons connu des échecs qui ont fait évoluer nos pratiques : des jeunes femmes croyaient rester en banlieue parisienne et se retrouvaient à l’autre bout de la France, elles ne supportaient pas ce changement. Après cela, nous avons réfléchi à mieux prendre en charge cette transition », se souvient Patrick Hauvuy. Pour préparer le départ, il est indispensable de pouvoir répondre aux questions qu’elles se posent sur leurs futures conditions de vie. Pour ce faire, il faut attendre que l’Ac.Sé ait trouvé un hébergement adéquat. Or le temps d’attente dépend des places disponibles dans le réseau et de la demande. Dénicher un hébergement pour une femme seule est plus rapide que pour une mère avec ses enfants. Si certains CHRS parviennent à conserver un peu de souplesse, le passage obligé par les services intégrés d’accueil et d’orientation (SIAO) complique la recherche. Une fois l’hébergement trouvé au sein du réseau Ac.Sé, il faut préparer le départ. « Avec la personne, nous appelons ensuite le CHRS où elle va aller, raconte Anne-Marie Pichon. Elle peut alors poser des questions précises sur sa future chambre, sur la manière dont elle va manger – la cuisine est-elle partagée ? Si elle a d’autres questions, on rappelle encore. » La jeune femme est ensuite accompagnée physiquement. L’Ac.Sé paie son voyage ainsi que celui d’un professionnel. IPPO a fait le choix de payer le trajet d’un accompagnant supplémentaire pour renforcer le sentiment de sécurité.

La transition vers la nouvelle structure d’hébergement est un moment extrêmement important. La personne est évidemment présente au moment de la transmission de son dossier entre les deux équipes. Au CHRS Les Yuccas de l’association ALC, où 10 places sur 34 sont réservées au dispositif Ac.Sé, une attention particulière leur est portée durant les premières semaines. Bien que ce CHRS dispose aussi d’appartements en ville, les personnes orientées par l’Ac.Sé sont d’abord accueillies au sein de l’établissement collectif. « Le passage par ce lieu permet de créer le lien avec les professionnels, de bien repérer les ressources en termes de personnels », explique Séverine Giauffret, conseillère en économie sociale et familiale aux Yuccas. La prise en charge matérielle au moment de l’arrivée est très forte : « Il faut parer au plus urgent (vêtements, argent), permettre l’accès à la santé », détaille Jean-Marc Fabre, chef du service d’insertion professionnelle d’ALC Inserpro aux Yuccas.

RETROUVER LA CONFIANCE

De même, la reconnaissance du statut de victime est primordiale. Après des mois, voire des années, d’exposition aux violences, vient alors pour ces femmes le temps de la reconstruction. La solitude est parfois très dure à supporter. «Ce n’est pas facile ici, tu dors seule, tu manges seule », soupire Chrystabelle (4), une jeune Nigériane entrée dans le dispositif et hébergée aux Yuccas. « Parfois, les femmes décompensent, observe Séverine Giauffret. Nous sommes confrontés à des syndromes post-traumatiques, des cauchemars, une tristesse et une fatigue récurrentes. » Avant de poursuivre : « Dans certaines situations bloquées, il nous arrive d’avoir recours à Patricia Kouakou, la médiatrice culturelle des Lucioles. » Cette dernière explicite : « Les professionnels minimisent parfois la valeur du “juju”, un rituel vaudou. Faire menacer une fille par le temple Ayelala, une secte très puissante, est plus fort qu’une menace de mort. »

Après le temps de l’adaptation, celui de l’insertion. « Une fois sorties de l’exploitation, j’ai le sentiment qu’elles reprennent le cours de leur projet migratoire », constate Jean-Marc Fabre. C’est alors l’impatience qui domine : « Maintenant que je suis sortie de tout ça, il faut que ça aille vite ! » Cela revient souvent, renchérit Séverine Giauffret. Léopold Fumey, éducateur technique à Inserpro, accompagne régulièrement des femmes passées par l’Ac.Sé. « Au début, nous voyons des gens apeurés. Peu à peu, un changement s’opère. Sourire, être en relation est à nouveau possible, se réjouit-il. Il est important de valoriser toutes les réussites, comme celle de cette fille qui pensait ne pas pouvoir tenir un pinceau et qui a réussi à peindre un meuble. » La confiance retrouvée, les projets d’avenir sont à nouveau possibles. « J’aimerais aller à l’école, devenir médecin, travailler, avoir une bonne vie », conclut Chrystabelle.

TÉMOIGNAGE BLESSING(5), 21 ans

« Quand je suis partie du Nigéria, la Madame(6) qui m’a fait venir m’a dit que j’allais me prostituer. J’ai fait le serment de rembourser ma dette, qui s’élevait à 60 000 €. Je n’avais aucune idée de ce que ça représentait. Quand elle m’a dit qu’en quelques mois ce serait fait, je l’ai crue. Je suis arrivée fin 2013 en avion et j’ai très vite été sur le trottoir. Je n’aurais jamais pu imaginer ce que j’allais vivre : j’ai subi des insultes, je me suis fait battre. Un client m’a même poussée dans une rivière en dehors de la ville. Ce jour-là, j’ai cru mourir. J’ai rencontré des membres d’une association travaillant dans la rue avec les prostituées : ils distribuaient des préservatifs, nous donnaient du thé, du café. Ils me demandaient si j’aimais ce boulot. Plusieurs fois, ils sont venus me chercher à l’hôpital après que j’ai été blessée. Ils m’ont demandé pourquoi je continuais alors que c’est si dangereux. Je leur disais que j’étais fatiguée, que j’en pouvais plus. Ils m’ont alors proposé de rentrer au Nigéria, m’ont dit qu’ils pouvaient m’aider à repartir, qu’on me donnerait 2 000 €. J’ai voulu réfléchir pendant une semaine. J’ai finalement été emmenée en Espagne, où j’avais une amie. Mais au bout de un mois, la Madame m’a dit de rentrer en France. J’ai travaillé pendant sept mois et j’ai à peine pu rembourser 3 000 €. Il fallait que je paie tout : 300 € pour des vêtements, 400 € pour un récit dans le cadre d’une demande d’asile à l’OFPRA. Je me suis dit qu’il allait me falloir des années pour rembourser ma dette.

J’ai fait plusieurs allers-retours entre la France et l’Espagne pour suivre ma demande d’asile. J’ai travaillé dans un bordel : on ne me donnait rien, à peine de quoi manger. Je me disais que ce n’était pas pour ça que j’étais venue en Europe. Je voulais une autre vie ! J’étais en froid avec ma Madame. Des gens lui avaient dit que je gagnais beaucoup d’argent, que j’en envoyais même à ma famille. Elle m’appelait et me hurlait dessus. Je ne savais plus où j’en étais. Ma Madame a ensuite voulu faire pression sur ma famille. Au Nigéria, le féticheur exigeait que mes parents aillent jurer devant la secte Ayelala, une secte vaudou très puissante, qu’ils ne toucheraient pas d’argent de ma part. Mon beau-père étant très chrétien, il a refusé que ma mère participe à des rites vaudous.

Un jour, ma demande d’asile a été refusée. C’est là que j’ai décidé que c’était fini. J’ai dit aux gens de l’association qui me suivait que je voulais quitter la ville. Ils m’ont envoyée à Paris vers une autre association spécialisée. C’est celle-ci qui m’a orientée vers l’Ac.Sé et m’a aidée pour mon appel devant la Cour nationale du droit d’asile (CNDA). Je n’ai pas déposé plainte car je ne veux pas que ma famille ait des ennuis. Maintenant, je suis hébergée dans un foyer, la CNDA a accepté ma demande, j’apprends le français, je veux trouver un travail, faire marcher mon cerveau. Un jour, si je ne suis plus en danger là-bas, j’aimerais pouvoir rentrer dans mon pays, parler aux jeunes, aux enfants. Je voudrais leur dire qu’on peut aussi réussir sa vie au Nigéria, que ce n’est pas forcément la peine d’aller en Europe. »

Notes

(1) www.acse-alc.org.

(2) Voir ASH n° 2647 du 19-02-10, p. 32.

(3) Voir ASH n° 2860 du 16-05-14, p. 5.

(4) Le prénom a été modifié.

(5) Le prénom a été modifié.

(6) « Madame » est le terme utilisé pour désigner la maquerelle.

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