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Dix ans d’activité des « consultations jeunes consommateurs » à la loupe

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Les « consultations jeunes consommateurs » (CJC) ont été créées en 2004 par le ministère de la Santé et la mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives (Mildeca)(1), alors que les niveaux d’usage de cannabis avaient doublé au cours de la décennie 1990. Après dix années d’activité, une étude de l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT), réalisée avec le soutien financier de la Fédération addiction, fait le point sur l’activité des 540 points de consultation et le public qu’ils reçoivent(2). Réalisée entre mars et juin 2014, l’enquête concerne près de 5 000 consommateurs de produits et 1 600 personnes de leur entourage, vues en entretien dans une CJC. Organisées de façon très variable – installées dans les locaux d’un centre de soins, d’accompagnement et de prévention en addictologie (CSAPA), au sein d’un service hospitalier ou même « hors les murs » –, ces consultations sont composées de différents professionnels selon les sites : psychologues, éducateurs, infirmiers, médecins, psychiatres, assistants de service social, animateurs de prévention, mais aussi des éducateurs sportifs ou des sophrologues… Les « consultants », qu’ils soient jeunes ou parents, bénéficient de plusieurs types d’aide : écoute et soutien (80 %), approche motivationnelle (30 %), suivi médical (20 %), thérapie psychodynamique (8 %), soutien à la parentalité (5 %)…

Le public accueilli est majoritairement masculin – 81 % d’hommes. Mais il existe des disparités territoriales puisqu’en Languedoc-Roussillon, en Franche-Comté et dans le Limousin, la proportion de femmes est supérieure à 25 %. Près de 40 % des usagers sont mineurs – essentiellement des 16-18 ans. Une part importante a un parcours marqué par les difficultés d’insertion, voire la précarité. Par exemple, parmi les 51 % de 18-25 ans reçus, près de la moitié sont au chômage ou inactifs. Les actifs occupés sont à 40 % titulaires d’un contrat de travail précaire.

La majorité du public consulte pour une consommation de produits psychoactifs : 80 % des jeunes citent un seul produit posant problème – en général le cannabis (80 %), loin devant l’alcool (14 %), le tabac (6 %), l’héroïne (3 %), la cocaïne (2 %) et les autres stimulants (1 %). Ils sont 11 % à en citer plusieurs et 8 % mentionnent une addiction comportementale. Moins de 1 % des consultants viennent solliciter une simple écoute. Interrogés sur les effets négatifs de leur consommation, notamment de cannabis, 86 % des consultants déclarent au moins un désagrément parmi les suivants : problèmes avec la justice, conséquences négatives sur la scolarité, le travail ou les relations avec l’entourage. Les problèmes psychiques (troubles anxieux, dépression…) sont évoqués par 2 % des enquêtés.

La démarche de consulter n’est pas toujours volontaire : en 2014, les orientations spontanées ne représentent que 21 %, tandis que près de 40 % de l’activité sont alimentés par des orientations judiciaires. La famille est à l’origine de l’orientation dans 15 % des cas, le milieu scolaire dans 9 % et le milieu socio-éducatif dans 5 %. Qu’ils soient orientés ou non par la justice, 70 % des hommes reçus en CJC ont déjà été interpellés pour usage ou pour détention de stupéfiants, « ce qui témoigne de la surreprésentation, au sein du dispositif, des usagers les plus visibles », analyse l’étude.

Notes

(1) Qui s’appelait alors la mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie (MILDT).

(2) « Dix ans d’activité des “consultations jeunes consommateurs” » – Tendances n° 101 – Mai 2015 – Disp. sur http://goo.gl/ulrovW.

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