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Un trio pour écouter la parole de l’enfant

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La plupart des barreaux organisent des permanences d’avocats d’enfants anonymes et gratuites. A Lyon, la consultation « Mercredi, j’en parle à mon avocat » accueille les jeunes en présence d’un psychiatre.

Ses parents sont divorcés. A la suite d’une décision de justice, X., 16 ans, s’est installé chez son père, mais il craint de devoir retourner chez sa mère qui a lancé une procédure pour le récupérer. « Chez elle, c’est n’importe quoi, ça crie tout le temps. Elle a même déjà porté plainte contre moi en disant que je l’avais tapée, or c’est faux ! », lance-t-il aux deux avocats et au psychiatre de la permanence « Mercredi, j’en parle à mon avocat » du barreau de Lyon. Le trio interroge le jeune, chacun dans son registre, pour bien cerner sa demande. « Vu ton âge, tu as le discernement nécessaire, si tu veux, tu peux être entendu par le juge. Tu peux bénéficier d’un avocat spécialisé pour en faire la demande et être assisté lors de ton audition », explique l’avocate Laurence Cruciani. « Tu n’auras rien à payer, les frais sont pris en charge par l’Etat », précise sa consœur Emilie Viot-Coster, en lui tendant la liste des avocats spécialisés. Après lui se succèdent une dizaine d’enfants aux problématiques voisines.

Depuis 1990, un mercredi après-midi sur deux, des enfants de tous âges se présentent seuls à la permanence pour poser une question de droit. Orientés par leurs proches, des travailleurs sociaux, l’hôpital, l’école…, la plupart consultent pour des sujets relatifs à leur situation familiale : résidence alternée, droit de visite… D’autres viennent cependant pour connaître ce qu’ils risquent à la suite d’un délit, parce qu’ils sont victimes de maltraitance ou encore pour aborder des problèmes très spécifiques : question d’obsèques, conseil de discipline, mineur isolé… La présence d’un psychiatre a été voulue dès le début. « On reçoit des jeunes confrontés à une souffrance : ne pas supporter de vivre chez l’un des parents, ne pas être reconnu dans sa demande, être négligé, voire maltraité par un parent violent. Je vérifie toujours s’ils sont suivis ou non et je peux leur conseiller de consulter », pointe François Danet, psychiatre. Pour Emilie Viot-Coster, la présence de celui-ci « permet de mieux décrypter parfois la parole de l’enfant, ses attentes, percevoir s’il n’est pas piloté par un des parents ». Par ailleurs, le duo d’avocats comprend en général un avocat d’enfants débutant, ainsi formé par son pair à la spécificité de l’entretien avec un mineur.

Soucieux de toucher tous les enfants, le barreau de Lyon a tenté de créer une permanence semblable en prison, mais sans psychiatre. Devant l’absence de succès de la formule et sur la suggestion des éducateurs, il a finalement monté des ateliers dits « de citoyenneté ». « On aborde un thème : le casier judiciaire et l’avenir professionnel, l’égalité hommes-femmes… Cela permet aux jeunes d’évoquer leurs problèmes », explique l’avocate Florence Nèple. Un pari réussi.

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