Recevoir la newsletter

Le rêve d’être incolore

Article réservé aux abonnés

Il est beaucoup question de cheveux dans La ligne de couleur et Trop noire pour être française ?. De chevelures crépues, prétendues « moches » et qui distinguent les Noirs des Blancs – ou plutôt les « marrons » des « beiges », comme le dit l’un des jeunes témoins du premier film. Chacun à sa manière, ces documentaires – le premier sortant dans les salles obscures, le second diffusé sur Arte – témoignent du racisme que des personnes de couleur, toutes françaises et de culture française, ont rencontré au cours de leur vie. Dans le reportage de Laurence Petit-Jouvet, 11 anonymes racontent leur expérience, sans commentaire ni analyse, sans se lamenter non plus. Il y a Mehdi, adjoint au maire dans une ville de Seine-Saint-Denis, qui croise chaque jour l’étonnement dans le regard des gens, devant cet homme « au faciès et au nom maghrébins » qui brigue des fonctions républicaines. Yumi, comédienne de théâtre passionnée de Racine, qui est obligée de se tourner vers le doublage, faute de rôles pour les Japonaises. Jérémie, adopté du Sri Lanka à l’âge de deux mois par des notables parisiens, qui regrette qu’on le prenne toujours pour un étranger… Tous voudraient parfois que leur couleur s’efface, rêvent d’être juste incolores. Yaya, métisse, comprend même les femmes de sa cité qui abusent des crèmes blanchissantes – « elles préfèrent choper un cancer que de vivre avec cette satanée couleur de peau ». « Plus que la discrimination raciale, c’est l’assignation raciale qui m’intéressait, explique la réalisatrice Laurence Petit-Jouvet. La question des regards sur l’autre et sur la différence, ceux qui font particulièrement mal parce qu’ils sont insidieux, latents, souvent inconscients, mais tellement agissants pour ceux qui les subissent. »

Isabelle Boni-Claverie, quant à elle, ne savait pas, enfant, qu’elle était différente jusqu’à ce qu’on lui attribue d’office le rôle de Balthazar dans la crèche de son école. Bien qu’elle soit issue d’un milieu privilégié, la réalisatrice de Trop noire pour être française ? estime que sa couleur de peau fait d’elle une victime de discrimination. C’est en 2010, indignée par les propos racistes de Jean-Paul Guerlain au journal télévisé de France 2, qu’elle commence son enquête sur le racisme en France. Interviews d’historiens et de sociologues à l’appui, elle essaie de comprendre « c’est quoi, être noir ? ». Dans ce documentaire, elle raconte aussi l’histoire de sa famille, en commençant par sa grand-mère de Haute-Garonne, qui fut, en 1937, l’une des premières à épouser un Noir venu de Côte d’Ivoire. Le mariage fut célébré à minuit pour passer inaperçu…

La ligne de couleur

Laurence Petit-Jouvet – 1 h 19 – En salles le 17 juin

Trop noire pour être française ?

Isabelle Boni-Claverie – 52 min – Sur Arte, vendredi 3 juillet à 23 h 05 (puis en VOD)

Culture

S'abonner
Div qui contient le message d'alerte
Se connecter

Identifiez-vous

Champ obligatoire Mot de passe obligatoire
Mot de passe oublié

Vous êtes abonné, mais vous n'avez pas vos identifiants pour le site ?

Contactez le service client 01.40.05.23.15

par mail

Recruteurs

Rendez-vous sur votre espace recruteur.

Espace recruteur