Recevoir la newsletter

La misère moins pénible au soleil ?

Article réservé aux abonnés

Avec près de 380 000 personnes vivant en dessous du seuil de pauvreté, l’île de La Réunion fait partie des départements français les plus touchés par la précarité. Pendant deux ans, le photographe Morgan Fache, membre du collectif Item, s’est plongé dans la vie des plus pauvres d’entre eux, ceux qui fréquentent les quatre Boutiques solidarité tenues par la Fondation Abbé-Pierre mais aussi ceux qu’il a croisés, fréquemment, dans les rues de l’île. Soutenu par l’association, ce jeune artiste, qui fut un temps assistant de service social, s’est d’abord immiscé dans les accueils de jour en observateur, avant de se faire embarquer par un sans-abri dénommé Guerrier, qui lui sert de guide parmi cette population d’exclus. « C’est lui qui m’a fait rencontrer les personnes qui peuplent mes photographies, toutes ces vies invisibles devant lesquelles on passe en marchant vite, comme effrayés par des spectres », raconte le photographe. Au cours de ces longs mois, il voit ces personnes changer « en bien parfois, mais souvent pour le pire ». Les images de Morgan Fache montrent les esprits et les corps souffrants. La série de 38 photos présentée dans l’exposition « Dann’ somin » est « la chronique impuissante de leur dégradation » – le rhum, le zamal (cannabis local) ou le Rivotril (antiépileptique détourné comme stupéfiant) en sont souvent la cause. On y voit Guerrier dormir au beau milieu d’une rue, en plein soleil ; Ludovic et Estrella, qui squattent le parking du supermarché de Saint-Pierre ; Loulou, avachi sur un vieux matelas. « J’ai pris le temps de connaître ces sans-abri afin de raconter au mieux les choses. Ce temps qui m’a tant manqué quand j’étais travailleur social… », commente le photographe. Il regrette que les médias de la métropole parlent peu des questions de pauvreté dans les DOM-TOM, de la baisse du pouvoir d’achat, de la dissolution des liens familiaux qui, jusqu’à récemment, permettaient aux plus pauvres de ne pas tomber dans la rue. Ses photos n’ont pas été réalisées pour comparer les situations entre la métropole et l’île, mais pour offrir « un regard » et mettre en lumière « ce qu’il y a derrière les chiffres ».

En créole, dann’ somin signifie « vivre dans la rue ». C’est le titre qu’il a donné à son exposition, qui se tient à Lyon puis circulera à La Réunion.

Dann’ somin

Jusqu’au 3 juillet à l’atelier Item, 3, imp. Fernand-Rey, 69001 Lyon – http://blog.collectifitem.com –

Du 1er au 17 juillet à la maison Serveaux, à Saint-Paul (La Réunion) www.morganfache.com

Culture

S'abonner
Div qui contient le message d'alerte
Se connecter

Identifiez-vous

Champ obligatoire Mot de passe obligatoire
Mot de passe oublié

Vous êtes abonné, mais vous n'avez pas vos identifiants pour le site ?

Contactez le service client 01.40.05.23.15

par mail

Recruteurs

Rendez-vous sur votre espace recruteur.

Espace recruteur