Idriss, 14 ans, part skier pour la première fois. Le premier jour, il n’arrive pas à monter sur ses skis. Au troisième, il réussit à tenir sur le tire-fesses et à descendre une petite piste – « comme n’importe quel autre enfant », souligne son moniteur de ski. Pour cette primo-expérience sur les pistes, Idriss est entouré de tous ses camarades du pavillon Anna de la Fondation Vallée, à Gentilly (Val-de-Marne), un hôpital pédopsychiatrique où vivent en internat Alina, Kevin, Kyle, Boubou, Sylvain, Louise… Le film La porte d’Anna, tourné entre les murs de l’établissement (et sur les pistes de ski !) de 2010 à 2013, montre le quotidien de ces jeunes de 12 à 16 ans pris en charge pour des troubles sévères de la relation, avec ou sans langage, associés le plus souvent à des troubles du comportement : activités ludiques et éducatives, repas, moments de tendresse comme de violence. En poussant la porte du pavillon, les réalisateurs Patrick Dumont et François Hébrard ont découvert ce monde et l’ont filmé avec une certaine candeur. Leur caméra contemple l’activité des professionnels – aides-soignants, éducateurs, infirmiers, instituteurs… leur fonction n’est jamais spécifiée –, dont ils semblent saluer le travail obstiné fait d’attention et de patience. Il faut dire que, à l’origine, les cinéastes ont connu la Fondation Vallée à l’occasion d’un film de commande – le médecin-chef de l’hôpital leur avait demandé de réaliser un reportage sur la mémoire de l’établissement. On les avait tenus à l’écart du pavillon Anna. Quand ils ont fait la connaissance de ces jeunes, ils ont cherché les clés pour communiquer avec eux, et l’idée a germé de les filmer à la manière de Renaud Victor dans Ce gamin-là, un documentaire, tourné dans les années 1970, portant sur le travail de Fernand Deligny avec des enfants autistes dans les Cévennes.
La porte d’Anna
Patrick Dumont et François Hébrard – 1 h 20 – En salles –