L’Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE) a étudié la pauvreté monétaire et les inégalités des niveaux de vie en France métropolitaine sous un angle nouveau, en croisant les données fiscales fournies par la direction générale des finances publiques et les données sur les prestations sociales émanant des principaux organismes gestionnaires (caisse nationale des allocations familiales, caisse nationale d’assurance vieillesse, caisse centrale de la Mutualité sociale agricole) dans les 22 régions de la métropole(1). Cette méthode permet une lecture différente de la carte des revenus, « en mettant à disposition des données à un niveau territorial plus fin que le département, allant jusqu’à la commune, et prochainement à des niveaux infracommunaux », précise l’INSEE.
Premier constat de cet outil baptisé « fichier localisé social et fiscal » (Filosofi), les taux de pauvreté les plus élevés étaient, en 2012, recensés dans le Nord, le Sud-Est et la Corse, où ils approchaient les 20 %. Ils étaient plus faibles en Bretagne et dans les Pays de la Loire, avec moins de 11 %. Le taux de pauvreté le plus important est relevé dans les grandes aires urbaines, où la pauvreté touche particulièrement les familles monoparentales, les familles nombreuses et les ménages jeunes, mais aussi dans les communes isolées. Les inégalités de niveaux de vie à l’intérieur des régions et des départements sont souvent fortes. En Ile-de-France, par exemple, se trouvent à la fois les départements ayant le plus faible et le plus fort taux de pauvreté : 9 % dans les Yvelines et 27 % dans la Seine-Saint-Denis. A l’échelle communale, Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine) est la ville où le niveau de vie des 10 % de personnes les plus aisées est le plus haut.
Pour les personnes les plus modestes, le niveau de vie dépend plus fortement des prestations sociales. Ainsi, parmi les 10 % des personnes ayant les plus faibles niveaux de vie, les prestations sociales représentent plus de 35 % du revenu disponible dans les trois quarts des régions. Cette part est encore plus élevée dans les grandes villes entourées de banlieues, où elle représente en moyenne 46 % du revenu disponible pour les 10 % de personnes les plus pauvres. A l’inverse, pour les personnes les plus aisées, la part des revenus du patrimoine est prédominante : dans les grandes villes, qui concentrent souvent les plus fortes inégalités, elle représente en moyenne 30 % du revenu disponible pour les 10 % de personnes les plus aisées.
(1) « Une pauvreté très présente dans les villes-centres des grands pôles urbains » – INSEE Première n° 1552 – Juin 2015 – Disponible sur