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Les éducateurs de rue, « urgentistes » auprès des mineurs isolés

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Lors d’un colloque organisé les 2 et 3 juin à Marseille, le Comité national de liaison des acteurs de la prévention spécialisée et l’Association départementale pour le développement des actions de prévention des Bouches-du-Rhône (Addap13) ont cherché à décrypter les enjeux de l’accompagnement des mineurs isolés étrangers, bousculé par des injonctions contradictoires. Explications de Danièle Perrot, présidente de l’Addap13.
La prise en charge des mineurs isolés étrangers, qui relève de la protection de l’enfance, est peu associée à la prévention spécialisée…

Celle-ci est pourtant bien placée pour aller à la rencontre de jeunes à la rue, repérer ceux en situation de danger et de vulnérabilité. Auprès des mineurs étrangers isolés, la seule entorse aux principes fondateurs de la prévention spécialisée est le respect de l’anonymat, l’identification du jeune étant nécessaire pour poursuivre son orientation. Il en est d’ailleurs de même quand les équipes accompagnent un jeune dans une médiation, par exemple.

Les éducateurs ont, en outre, l’habitude de travailler avec l’environnement des jeunes, de les accompagner dans leur accès aux droits, vers des activités d’insertion. C’est pourquoi, dans le cadre des réflexions sur l’évolution et la diversification de la prévention spécialisée, l’Addap13 a, en 2009, répondu à la demande du conseil général de poursuivre les interventions auprès des mineurs isolés étrangers qui étaient menées par l’association Jeunes errants jusqu’à la cessation de son activité. Nous avons mis en place un service d’accueil et d’orientation des mineurs étrangers non accompagnés (Saamena), sachant que l’Addap13 intervient dans 22 communes et que Marseille concentre à peu près 99 % des jeunes étrangers isolés, pour la plupart venus du Maghreb, mais aussi du Mali, d’Afghanistan, du Pakistan, etc.

Comment ce service travaille-t-il ?

Il est rattaché au service « Marseille centre » et travaille en lien avec l’équipe de « fin de soirée », qui fait des maraudes jusqu’à 1 heure du matin. Des éducateurs accueillent les mineurs orientés par les équipes, les partenaires ou le « bouche-à-oreille » et assurent leur accès aux besoins de première nécessité, aux droits, aux soins. Le bureau d’accueil organise avec les jeunes des repas et permet d’accéder à des cours d’apprentissage du français. Avec des interprètes, les éducateurs s’entretiennent avec les jeunes qui racontent les conditions de leur départ, de leur parcours migratoire, ce qui leur permet d’établir une première évaluation de leur minorité et de leur isolement. A partir de ces éléments, ils peuvent saisir le conseil départemental dans le cadre d’une information préoccupante.

Le colloque évoquait le « bricolage intelligent » nécessaire à la prise en charge de ces jeunes…

Les pratiques professionnelles sont mises en tension entre les missions de protection de l’enfance et la politique migratoire, ce qui place ces jeunes dans une catégorie juridico-administrative à part, jette sur eux la suspicion et complexifie leur accès aux droits. L’admission à l’aide sociale à l’enfance est en général plus compliquée après 16 ans, du fait de l’incertitude liée à l’âge… Face à ces injonctions contradictoires, il faut mener un accompagnement bienveillant du jeune, commencer par le sécuriser pour lever souvent un long mutisme dû à des traumatismes, jouer un rôle d’urgentiste du social tout en commençant un travail de reconstruction, partenarial. Il n’existe pas de réponse au sein d’une seule association ! Favoriser l’obtention d’un titre de séjour à la majorité nécessite également de « mettre le paquet » sur le projet scolaire et professionnel.

Le Saamena permet également aux jeunes, informés sur leurs droits de mineurs ou de majeurs, de décompresser et de commencer à réfléchir à un projet, alors que l’on constate que ceux qui entrent en urgence en foyer ont souvent plus de mal à s’y intégrer.

La circulaire de mai 2013 a-t-elle permis d’améliorer les prises en charge ?

L’avantage a été de réorienter des jeunes vers des départements qui avaient encore des potentialités d’accueil. En 2013, face à l’augmentation des arrivées et à la saturation des dispositifs, le conseil général a décidé de créer 50 places dédiées aux jeunes isolés étrangers. L’accompagnement inclut également, autant que faire ce peut, un travail avec les familles restées dans leur pays d’origine.

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