Dans sa dernière étude(1) sur la situation professionnelle des bénéficiaires de l’allocation aux adultes handicapés (AAH), la DARES (direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques) apporte un nouvel éclairage chiffré sur les difficultés d’emploi de ce public. Les allocataires de la prestation – destinée à apporter une aide financière aux personnes handicapées disposant de revenus modestes et/ou subissant une restriction substantielle et durable pour l’accès à l’emploi (RSDAE) – étaient, à la fin 2012, « beaucoup moins souvent en emploi que l’ensemble de la population âgée de 20 à 64 ans », plus précisément 20 % contre 70 %. C’était donc le cas pour quelque 155 600 des 777 400 titulaires de l’AAH dans cette tranche d’âge.
Quant au nombre d’inactifs, il s’élevait à 569 400 (73 % du total, contre 56 % de la population reconnue handicapée). Les allocataires de l’AAH étaient 7 % (soit 52 400) à se déclarer au chômage (dont 83 % en recherche d’emploi), ce qui représente un quart des allocataires en activité, « un taux plus de deux fois supérieur à celui de la population active totale correspondante (10 %) ». Les caractéristiques sociodémographiques de ces publics peuvent « en partie expliquer leur situation sur le marché du travail », avance la DARES : plus âgés (à la fin 2012, ils étaient 42 % à avoir plus de 50 ans) et moins diplômés (64 % ne possèdent aucun diplôme ou seulement le BEPC-brevet des collèges) que le reste de la population, ils déclarent en outre, globalement, « un état de santé nettement moins bon », perçu comme « la principale difficulté » pour trouver un emploi.
Les allocataires en emploi présentent aussi un faible niveau de qualification, qui les cantonne majoritairement à des postes d’ouvrier (70 %), le reste des salariés relevant essentiellement du statut d’employé. Les postes plus qualifiés (technicien, agent de maîtrise, cadre) sont marginaux, alors que leur proportion s’élève à 41 % parmi l’ensemble des salariés du privé, un secteur où sont d’ailleurs employés 43 % des allocataires de l’AAH qui travaillent. Par ailleurs, 39 % sont employés en établissements et services d’aide par le travail (ESAT).
Leur statut est aussi fréquemment empreint de précarité, puisqu’ils sont moins souvent que le reste de la population en contrat à durée indéterminée (CDI) et plus souvent en contrat court (CDD, intérim ou apprentissage), et à temps partiel. Constat moins attendu, les titulaires de l’AAH au chômage sont, en moyenne, plus qualifiés que ceux qui ont un emploi, près d’un tiers (31 %) ayant le bac ou un diplôme supérieur contre 14 % de l’ensemble des bénéficiaires.
La situation professionnelle des allocataires de l’AAH est enfin « relativement stable » si l’on compare 2011 et 2012, conclut la DARES, puisque 93 % de ceux qui étaient en emploi à la fin 2011 l’étaient toujours un an plus tard et que « la quasi-totalité des allocataires inactifs en 2011 le sont restés en 2012 ». Malgré tout, la situation des allocataires de l’AAH au chômage semble s’être légèrement améliorée en un an, puisque 23 % d’entre eux ont réussi à trouver un emploi.
(1) « La situation professionnelle des bénéficiaires de l’allocation aux adultes handicapés » – DARES Analyses n° 036 – Mai 2015 – Disponible sur