« Un jour, écrit Marie Saintemarie, une femme qui se disait mon amie m’a demandé, d’une manière tout à fait méprisante, comment je pouvais me complaire à faire ce boulot de merde au contact de la sous-humanité. » Choquée, l’assistante de service social, diplômée depuis 1974, a entrepris d’écrire ses mémoires professionnels, dédiés aux « belles personnes » rencontrées au cours d’une carrière à l’hôpital, en centre de postcure pour toxicomanes, en appartements thérapeutiques ou encore en résidence sociale. Porté par son style alerte et imagé, le lecteur suit donc Marie Saintemarie à la rencontre d’Anton et Madga, un jeune couple de Hongrois séropositifs, installés dans une vieille camionnette sur le parking de sa résidence ; de Manuel, pêcheur de Guinée-Bissau émigré en France pour faire vivre sa famille ; de Thierry, toxicomane et braqueur, devenu responsable de la logistique dans une ONG… Autant de figures d’une humanité bancale, malmenée et pas toujours très coopérative, auprès de laquelle l’assistante sociale, au fil de semaines marathons qui lui donnent toujours « l’impression de n’avoir rien fait tout en ayant la sensation d’avoir été débordée », s’efforce de « rallumer la petite flamme de vie et d’espoir » qui permet de « relever la tête ». « Mon objectif : rechercher en eux le merveilleux », résume-t-elle, sans nier les efforts colossaux qu’elle est parfois contrainte de déployer. Et de constater que, « lorsque les gens sont bien dans leur tête, ils trouvent l’énergie pour faire eux-mêmes les démarches nécessaires à l’amélioration de leur vie ».
Les belles personnes que j’ai rencontrées lorsque j’étais assistante sociale
Marie Saintemarie – Edilivre (