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La meilleure des pires morts…

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Allongée dans son lit, Marisa chantonne à l’adresse de son fils : « Ciao amore, ciao… » Terrassé par l’émotion, son ex-mari s’effondre. A côté d’eux, l’anesthésiste installe la perfusion : 15 grammes de barbituriques – une dose létale. « Puis Marisa ouvre le robinet de la perfusion, pousse un soupir profond, serre plus fort son tigre en peluche. » Quinze minutes plus tard, la police est là. Venue constater le décès de Marisa. Un décès volontaire, orchestré en Suisse par l’association Lifecircle. Agée de 68 ans, Marisa en paraissait dix de plus, épuisée par quatre ans de cancer de l’utérus, des os, une tumeur au cerveau, un arrêt cardiaque. Elle avait accepté de laisser la journaliste et écrivaine Paulina Dalmayer assister à son suicide assisté. C’est sur cette expérience troublante que l’auteure, Polonaise installée à Paris, conclut sa volumineuse enquête sur l’euthanasie Je vous tiendrai la main. Une enquête amorcée « encombrée de certitudes », et conclue « en cahotant », qui a conduit Paulina Dalmayer auprès des partisans comme des opposants à l’euthanasie, en France, en Belgique et en Suisse. Sur un sujet si délicat, le choix de la première personne pour retracer rencontres et recherches apparaît particulièrement judicieux : lui seul permet de sortir de la pensée binaire, de mettre en lumière tout ce que le sujet remue de croyances, peurs et incertitudes en chacun. Dense, l’ouvrage pointe les imperfections de la loi Leonetti(1), la prudence et les questionnements éthiques des médecins belges, les risques de dérives, la lourdeur de la tâche qui pèse sur le législateur, ou encore les difficultés d’un débat dans lequel chacun est « convaincu de faire le bien en élevant ses convictions personnelles au rang de vérités absolues ». La conclusion de Paulina Dalmayer après cette immersion ? L’aide active à mourir et les soins palliatifs ne sont, contrairement à ce que croient nombre de leurs zélateurs, « nullement exclusifs ou incompatibles » mais « complémentaires ». « Après avoir suivi pas à pas le déroulement d’un suicide assisté, écrit-elle, je doute que cette façon de mourir soit aussi “douce et paisible” que l’espèrent beaucoup de ceux qui souffrent. Mais cela reste, en toute hypothèse, la meilleure des pires morts possibles. » A chacun de se faire sa propre opinion, à la lumière d’un ouvrage partisan, mais honnête et nuancé.

Je vous tiendrai la main. Euthanasie, travaux pratiques

Paulina Dalmayer – Ed.Plein Jour – 21 €

Notes

(1) La loi du 22 avril 2005 relative aux droits des malades et à la fin de la vie. Porté par Alain Claeys et Jean Leonetti, un nouveau texte de loi a été adopté en première lecture à l’Assemblée nationale – Voir ASH n° 2902 du 20-03-15, p. 8.

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