Après le niveau record des témoignages reçus en 2013 par SOS Homophobie dans la foulée « d’une libération et d’une médiatisation de la parole homophobe » inédite en 2012, en opposition au « mariage pour tous », « la haine et la violence se manifestent toujours autant », souligne le président de l’association, Yohann Roszéwitch, en préambule de son dernier rapport, rendu public le 12 mai(1). Le niveau des comportements homophobes, lesbophobes et transphobes rapportés à l’association a certes baissé de 38 % en 2014, mais reste très élevé, avec 2 197 cas enregistrés.
Emaillé de nombreux récits, qui reflètent les conséquences psychologiques et sociales des insultes, des manifestations de rejet et d’ignorance, des discriminations, du harcèlement, des menaces et des agressions physiques, souvent très graves (coups, agressions sexuelles, viols), ce rapport traduit « une plus grande volonté des victimes de faire connaître les violences qu’elles subissent ». Mais il montre aussi, surtout, « à quel point l’homophobie est enracinée dans notre pays » et, qui plus est, est entretenue par les pouvoirs publics, selon Yohann Roszéwitch, du fait, par exemple, du refus de l’accès de toutes les femmes à la procréation médicalement assistée, des hésitations sur l’ouverture du don de sang aux hommes homosexuels ou bisexuels ou encore de l’absence de simplification du changement d’état civil pour les personnes transsexuelles.
En 2014, l’association enregistre 41 % de cas en plus par rapport à 2011, dernière année hors contexte « mariage pour tous ». La meilleure notoriété de SOS Homophobie, qui a notamment lancé une campagne de communication en 2014 pour faire connaître ses services d’écoute et inciter les victimes « à ne plus se taire face à l’homophobie et la transphobie ordinaires », joue certes un rôle dans ces chiffres. Mais leur analyse n’en révèle pas moins des facteurs très inquiétants sur l’évolution du phénomène : si Internet reste le principal contexte pour lequel l’association est sollicitée (40 % des cas, contre 51 % en 2013) – les réseaux sociaux pesant par ticulièrement lourd dans ce constat, et Twitter en particulier –, la « vie réelle » n’est pas exempte de tels comportements, dans les lieux publics (11 %), dans la famille (10 %), au travail (8 %) ou dans le voisinage (6 %), les commerces et les services (5 %) ainsi que dans le milieu scolaire (5 %), révélant une « homophobie du quotidien » toujours prégnante.
Particulièrement « alarmants », le faible recul du nombre de témoignages ayant pour contexte le milieu scolaire (– 13 %) et leur progression dans le cercle familial (+ 11 %) – avec une surreprésentation des jeunes, notamment due à la hausse des faits signalés sur le site destiné aux adolescents
Quant au « profil-type » des victimes de LGBTphobies, il varie peu par rapport à l’année dernière : il s’agit toujours d’un homme (52 %) d’âge moyen (25-50 ans), résidant majoritairement hors d’Ile-de-France – région qui concentre cependant un quart des cas rapportés. Les hommes constituent d’ailleurs les trois quarts des personnes subissant des actes et/ou propos homophobes de la part du voisinage (75 %) et dans le cadre du travail (70 %), et les deux tiers des victimes d’agressions physiques. A contrario, seulement un té moignage sur quatre émane d’une femme. En revanche, elles sont plus nombreuses à faire part des difficultés rencontrées dans les lieux publics (52 %).
(1) Rapport sur l’homophobie 2015 – Disponible sur