Les violences sexuelles commises par des adolescents doivent à la fois être reliées à leur histoire et à leur environnement familial parce que, à leur âge, les intéressés dépendent de leurs parents et qu’une grande partie d’entre eux ont perpétré leurs agressions sur des proches, expliquent Claude Savinaud et Alain Harrault, psychologues cliniciens, coordonnateurs de cet ouvrage collectif. Ce sont les différentes dimensions de ces passages à l’acte qu’éclairent les spécialistes réunis à l’initiative du centre ressources pour les intervenants auprès des auteurs de violences sexuelles (Criavs) de la région Centre. A partir d’une recherche effectuée dans un cadre d’expertise, Jean-Yves Chagnon, professeur de psychologie clinique et de psychopathologie, fait un lien entre l’instabilité psychomotrice précoce et la potentialité à développer des comportements d’agression sexuelle à l’adolescence : les trois quarts des 20 sujets de sa cohorte se décrivent comme ayant été des enfants instables, agités, voire hyperactifs dès leur plus jeune âge (avant 3 ans pour certains). « L’attente, le renoncement à l’immédiateté, et au fond la dépendance et la passivité à l’égard d’autrui leur étaient devenus progressivement insupportables », souligne le chercheur. A contrario, dans l’archéologie de l’acte de ces « gentils monstres ordinaires » que sont les mineurs agresseurs, Claude Savinaud ne voit pas de piste psychopathologique particulière. Des pistes, plusieurs contributeurs en proposent sur le versant de la prise en charge des auteurs. Dans ce domaine, la thérapie de groupe apparaît comme un puissant outil de réflexion et de socialisation.
Les violences sexuelles d’adolescents. Fait de société ou histoire de famille ?
Sous la direction de Claude Savinaud et Alain Harrault – Ed. érès – 14,50 €