Les jeunes seraient-ils des « individualistes », que le « désintérêt ou le désenchantement » éloignerait du militantisme et de l’implication dans le secteur associatif ? Les résultats de la recherche-action menée par le Comité pour les relations nationales et internationales des associations de jeunesse et d’éducation populaire (Cnajep) à la suite d’un appel à projets du Fonds de développement de la vie associative viennent réfuter cette hypothèse(1). En interrogeant, au cours de l’année 2014, 266 dirigeants d’associations de jeunesse et d’éducation populaire sur la participation des jeunes de 16 à 30 ans dans leurs instances, le Cnajep a, en effet, constaté qu’ils étaient très nombreux à s’impliquer. Premier constat : 70 % des associations interrogées affirment compter des 16-30 ans dans leur gouvernance. Une partie – environ 20 % – est même exclusivement gérée par des jeunes. Les résultats montrent néanmoins très nettement que, si les jeunes sont des acteurs essentiels du projet de l’association – à la fois comme bénéficiaires et ressources –, leur présence s’amenuise à mesure que s’élève le niveau de responsabilité dans les instances dirigeantes. Il semblerait donc qu’ils soient davantage associés à la mise en œuvre et à l’animation du projet de l’association qu’à son élaboration et à sa définition stratégique.
Faire participer les jeunes semble être « une vocation plus qu’un besoin » pour les dirigeants. Ils sont 65 % à encourager la participation des jeunes afin de « favoriser l’échange entre les générations » et 80 % pour « leur donner la parole et les écouter ». Plus de la moitié d’entre eux estiment qu’il s’agit également d’un « atout pour favoriser l’évolution du projet associatif ». En revanche, la participation des jeunes vise moins à « renouveler » (55 %) ou à « renforcer » (37 %) les équipes dirigeantes.
Si l’étude montre que les jeunes s’impliquent, les associations, dans leur majorité, admettent que ce n’est pas toujours sans difficulté. Les difficultés ont principalement imputables, selon les associations, à « un rapport consumériste des jeunes au service associatif » (53 %), « un manque de confiance en eux pour mener certaines tâches » (50 %), « une mobilité géographique plus importante et souvent contrainte, notamment dans le secteur rural » (48 %) et au « poids des difficultés personnelles » (40 %). Sont également cités : le manque de disponibilité et la précarité des jeunes qui les détournent des questions d’engagement et de participation. Il existe également des freins organisationnels : 47 % des associations affirment manquer de temps pour les former, 19 % des dirigeants admettent ne pas toujours avoir confiance dans leur prise de responsabilité. Parfois, ce sont aussi les modes d’animation inadaptés à leur participation ou même un manque de visibilité de l’association à l’égard de ce public qui font obstacle.
Loin d’être résignées face à ces difficultés, les associations font part de leur détermination à relever le défi de la participation des jeunes : elles sont 73 % à avoir développé depuis plusieurs années (52 %) ou plus récemment (21 %) des stratégies et des actions spécifiques pour les encourager à prendre place dans les instances de décision : communication ciblée, sensibilisation par des pairs, tutorat, programme de valorisation des compétences, institution d’un collège ou d’une commission « jeunes », renouvellement des modes d’animation et de fonctionnement des instances… Ces stratégies se sont montrées payantes : 81 % constatent des effets positifs en matière de participation des jeunes – dans 46 % des cas, des 16-30 ans sont mêmes entrés dans les instances dirigeantes.
Pour affiner cette étude, le Cnajep compte croiser la parole associative avec le point de vue des jeunes engagés dans les associations au cours d’une nouvelle enquête menée cette année. C’est sur la base de ces résultats que le comité élaborera des propositions visant à faire évoluer les pratiques des associations de jeunesse et d’éducation populaire.
(1) « La participation des jeunes dans les associations de jeunesse et d’éducation populaire » – Décembre 2014 – Disponible sur