Les réformes de la politique familiale engagées en 2014 et mises en œuvre à partir de cette année devraient permettre, d’ici à 2018, à près de 2,1 millions de familles défavorisées de percevoir 67 € d’aides en plus chaque mois en moyenne, tandis que 3,2 millions de ménages parmi les plus riches verraient leurs revenus diminuer d’autant. En fin de montée en charge, ces réformes pourraient ainsi générer en France métropolitaine une économie de quelque 860 millions d’euros, estime la caisse nationale des allocations familiales (CNAF) dans une récente étude(1).
Trois des mesures prévues par la loi de finances pour 2015 et par la loi de financement de la sécurité sociale pour 2015 « aboutissent à limiter les transferts vers les familles les plus aisées », rappelle la CNAF, en citant l’abaissement du plafond du quotient familial, les aménagements du barème de la prestation d’accueil du jeune enfant (PAJE) et la modulation des allocations familiales. A l’inverse, d’autres dispositions « contribuent à améliorer le pouvoir d’achat des familles les plus modestes », en l’occurrence la création d’une majoration du complément familial, au bénéfice de 430 000 ménages pauvres, la revalorisation des montants de l’allocation de soutien familial, pour 745 000 foyers, et enfin la hausse du revenu de solidarité active.
Au final, « les familles pauvres constituent 47 % des ménages gagnants et 5 % des familles perdantes », souligne la CNAF, ces mesures affectant peu les niveaux de vie intermédiaires : six ménages gagnants sur dix font partie des deux déciles les plus bas (niveau de vie inférieur à 1 138 € par mois) et concentrent 73 % des gains. Et plus de la moitié des familles qui bénéficient de ces réformes sont monoparentales.
A contrario, la moitié des perdants appartiennent aux ménages les plus riches (soit un niveau de vie supérieur à 2 130 € par mois) et enregistrent 86 % des pertes financières totales, avec moins 129 € par mois. Avec la réforme du quotient familial, 1,4 million de familles doivent voir leur impôt augmenter de 71 € par mois, alors que 485 000 ménages perdraient de l’ordre de 127 € par mois du fait de la modulation des allocations familiales. Quant à la PAJE, constituée d’un ensemble de prestations, les modifications introduites auront des effets variables : par exemple, 51 000 foyers doivent perdre le bénéfice de l’allocation de base, 240 000 autres en voir baisser le montant et 1 500 ménages par mois ne doivent plus toucher la prime de naissance. A noter cependant que 16 % des familles « perdantes » figurent parmi les plus pauvres, avec une perte moyenne de l’ordre de 17 € par mois, en raison de la non-revalorisation du montant de l’allocation de base et de la prime à la naissance.
(1) « Les effets redistributifs des réformes récentes des politiques sociales et familiales » – L’e-ssentiel n° 155 – Avril 2015 – Disponible sur