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Une forte demande d’étayage professionnel

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Différentes initiatives se développent pour aider les hôtes à s’approprier les multiples facettes de leur fonction. Il s’agit d’outiller les professionnels en poste et de les aider à réfléchir à leur positionnement.

Du « couteau suisse » au « mou ton à cinq pattes », les expressions font florès pour évoquer la diversité des rôles qui caractérise la fonction d’hôte de pension de famille. Une pluralité de casquettes qui n’est pas sans rappeler celle des permanents de lieu de vie et d’accueil (LVA), tout à la fois éducateurs et aubergistes, psychologues et bricoleurs(1). Comme ces derniers, les hôtes n’ont pas d’obligation de formation ou de diplôme pour accéder à une activité où l’équation personnelle a toute son importance. De fait, les qualités relationnelles attendues ne sont pas fonction d’un profil unique et les intéressés ont souvent des parcours atypiques – jardiniers, maçons ou musiciens par exemple. Néanmoins, ils sont majoritairement travailleurs sociaux d’origine, surtout conseillers en économie sociale et familiale, éducateurs spécialisés ou moniteurs-éducateurs(2).

DONNER DES REPÈRES

Dans tous les cas, les hôtes s’avèrent en demande d’étayage professionnel. Des gestionnaires de pensions de famille ou des réseaux qui les fédèrent s’emploient à répondre à ce besoin et proposent aux professionnels différents outils pédagogiques pour mieux appréhender leurs missions. La Fondation Abbé-Pierre, qui soutient financièrement un certain nombre de projets et/ou les accompagne dans leur développement, organise depuis 2008 des groupes d’analyse des pratiques, qui ont produit un riche document sur « La fonction et le rôle des hôtes des pensions de famille »(3). Synthèse des échanges d’expérience des professionnels enrichie des textes régissant les pensions de famille et des études disponibles, il dresse un inventaire des tâches et des compétences dessinant les contours de la profession.

L’Union professionnelle du logement accompagné (UNAFO) propose également régulièrement des séances d’analyse des pratiques à ses adhérents et a conçu des référentiels pour préciser le cadre réglementaire et professionnel des pensions de famille. Cette fédération a, par ailleurs, mis en place depuis six ans une formation à la fonction d’hôte. Intitulé « Gestion et animation des pensions de famille », ce module de 21 heures a été suivi par environ 240 professionnels – des hôtes majoritairement et des personnels d’encadrement.

Cette formation aborde trois axes. Le premier est celui de la gestion locative (tenue des dossiers des habitants, perception des redevances, maintenance des logements et espaces collectifs, ré daction des écrits de bilan, etc.). « Même si cette fonction n’est pas toujours assurée par les hôtes, il est nécessaire que ces derniers puissent s’approprier un certain nombre de règles de gestion », souligne Pierre-Marc Navalès, chargé de mission à l’UNAFO. Par exemple, il arrive que le respect de l’espace privatif des habitants pose problème. « Les hôtes doivent savoir que nous sommes bien dans un dispositif de logement et qu’il n’est pas question de pénétrer chez les gens sauf à l’invitation de la personne logée ou en cas d’urgence. » Le fait que les résidants soient logés et non pas hébergés suppose, par ailleurs, que les intéressés puissent payer leur redevance.

« Il ne s’agit pas d’une prise en charge globale de type CHRS [centre d’hébergement et de réinsertion sociale] et il est essentiel de l’intégrer en termes de positionnement professionnel », insiste Pierre-Marc Navalès. Concernant la posture à adopter – deuxième axe de la formation –, les hôtes doivent se recentrer sur leur cœur de métier : la mise à l’abri pérenne, et non l’insertion. « Un hôte qui veut faire de l’accompagnement social global va s’épuiser et échouer », avertit Pierre-Marc Navalès. Enfin, la problématique des missions d’une pension de famille constitue le dernier grand chapitre abordé : comment accueillir les résidants ? Quelles animations proposer ? Quelles relations avec l’extérieur ? Cette formation un peu générique peut être complétée par des modules spé cifiques plus courts (généralement de deux jours), ciblés sur les publics (addictions, souffrance psychique) ou les situations (gestion des conflits, accompagnement de fin de vie).

FORMATION PROFESSIONNALISANTE

L’UNAFO et le Snefos (Syndicat na tional employeur des foyers, résidences sociales et services) ont en outre confié à l’Institut Meslay la mise en place d’une formation professionnalisante de « responsable de résidence et service du logement accompagné ». D’une durée de un an à raison de quatre jours par mois – plus un stage de 60 heu res –, cette formation, lancée il y a six ans, a obtenu en 2012 une certification de niveau III (bac + 2). Parmi la quinzaine de stagiaires que compte chaque promotion – quasi exclusivement des femmes depuis deux ans –, « nous avons des personnes de tous âges et tous horizons, commente Nathalie Babin, chargée de cette formation à l’Institut Meslay. Il s’agit aussi bien d’hôtes sans niveau d’études supérieures et plutôt autodidactes que de travailleurs sociaux, de professionnels de la gestion locative ou de personnes en reconversion sans expérience dans le secteur. »

Notes

(1) Voir ASH n° 2900 du 6-03-15, p. 28.

(2) Cf. « Les pensions de famille et résidences-accueil : du modèle aux réalités d’aujourd’hui » – Décembre 2014 – Evaluation DIHAL-Cerema – Synthèse disponible sur http://goo.gl/R7z1ac – Voir aussi ASH n° 2887 du 12-12-14, p. 22.

(3) Réalisé par le cabinet Panama Conseil, ce document a été publié par Les cahiers du logement de la Fondation Abbé-Pierre en novembre 2014 – Disponible sur http://goo.gl/SUd81n.

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