Passionnée de Molière, de Marivaux et de Racine, Fiona Thibeaux a des rêves de cours Florent plein la tête. Enceinte à l’âge de 16 ans, elle voit ses ambitions bouleversées, mais parvient à trouver un équilibre grâce au soutien indéfectible de sa mère. Alors que son fils n’a que quelques mois, l’adolescente découvre le corps sans vie de cette mère dont elle était si proche, et dont la description de l’état de décomposition serre le cœur et l’estomac. Boire pour atténuer sa peine. Boire au réveil, boire la journée, boire avant de se coucher. Voilà tout ce à quoi pense Fiona. « Je me sentais prisonnière de mon chagrin », écrit-elle.
La jeune fille écope les dettes de sa mère et, acculée, confie son enfant à sa belle-famille. Sa propre famille la délaisse, quelques amies sont présentes, mais un temps seulement. « J’étais en train de sombrer dans la misère et personne ne me tendait la main », lâche-t-elle. Elle atterrit à la rue, rencontre des sans-abri, apprend à ne plus juger ce monde dont elle ignorait tout. La drogue devient sa béquille, qu’elle ingère dans des quantités qui donnent le tournis. Fiona dort sur des bancs, dans une tente, dans des squats. Dans des foyers également, mais les quatre murs de sa chambre et les règles qui lui sont imposées lui apparaissent de moins en moins supportables. Accro à l’alcool et à la drogue, elle devient également accro à la « liberté de la rue ».
Comme souvent, c’est une main tendue, aimante mais intransigeante, qui la sortira de là, après six années d’une déchéance dont, à la lire, on ne pouvait l’imaginer sortir.
Plus forte que la rue
Fiona Thibeaux – Ed. Judena – 18 €