Recevoir la newsletter

Guetteurs de vie cellulaire

Article réservé aux abonnés

Juge, avocat, général de gendarmerie, cadre de l’administration pénitentiaire, psychiatre, commissaire de police, médecin, pasteur ou aumônier, ils viennent du monde associatif, du secteur public ou privé et forment une équipe de 30 personnes engagées dans une mission indépendante et inédite : le contrôle des lieux de privation de liberté. Chaque mois, pendant deux semaines au moins, ils s’introduisent dans un établissement (maison d’arrêt, centrale pour peine, commissariat, centre de rétention, établissement pour mineurs, hôpital psychiatrique) afin d’en explorer tous les recoins, sans limite, mais sans pouvoir d’injonction. Ils sont là pour contrôler, préconiser, écouter les détenus, les malades, les personnes ayant reçu une obligation de quitter le territoire français (OQTF), mais aussi les personnels, et s’assurer du respect des droits fondamentaux des personnes privées de liberté. « Le temps est essentiel pour comprendre le lieu et son fonctionnement », explique l’un d’eux au micro de France Culture, qui consacre à cette fonction une émission de « Sur les docks ». Sous la houlette d’Adeline Hazan, devenue contrôleure générale des lieux de privation de liberté en juillet 2014, ils établissent trois constats : ces lieux sont source d’inactivité, de violence et d’infantilisation. L’émission les suit dans une cellule de prison pour femmes et dans le quartier disciplinaire d’une maison d’arrêt.

En 2008, sous la pression des Nations unies, le législateur institue un contrôleur général des lieux de privation de liberté et lui confère le statut d’autorité administrative indépendante. La mission est confiée à Jean-Marie Delarue, qui l’assura pendant six ans. France Culture a choisi de consacrer cinq émissions de trente minutes au parcours de ce septuagénaire qui a passé « quarante ans au service de l’Etat ». La journaliste Johanna Bedeau lui tend le micro et recueille ses confidences – sur son enfance, son engagement citoyen, son rôle à la tête du service des affaires sociales du Commissariat général du Plan (1985), ses visites de prisons et hôpitaux psychiatriques dans l’Hexagone et les DOM-TOM… Après un passage à l’Ecole normale supérieure et des études d’histoire, Jean-Marie Delarue découvre son maître à penser, Pierre Bourdieu. Il passera le concours de l’ENA à 33 ans et intégrera le Conseil d’Etat, avec toujours « l’envie d’avancer pour le bien-être commun » et « le souci du plus pauvre ». Lorsqu’il est délégué interministériel à la ville (1991-1994), on le remarque par son besoin de se rendre sur le terrain, dans les quartiers, « au moins une fois par semaine ». Au poste de contrôleur général des lieux de privation de liberté, il aura interpellé sans relâche la droite comme la gauche par ses appels en faveur d’une amnistie des petites peines pour limiter la surpopulation carcérale ou par sa position contre l’accumulation de lois répressives.

Contrôler les lieux de privation de liberté

Elise Gruau et Diphy Mariani – Sur France Culture, émission « Sur les docks » – A écouter jeudi 30 avril à 17 heures

Jean-Marie Delarue

Johanna Bedeau – France Culture – Cinq émissions « A voix nue » du 9 au 13 mars – A écouter sur http://goo.gl/IgDHtG

Culture

S'abonner
Div qui contient le message d'alerte
Se connecter

Identifiez-vous

Champ obligatoire Mot de passe obligatoire
Mot de passe oublié

Vous êtes abonné, mais vous n'avez pas vos identifiants pour le site ?

Contactez le service client 01.40.05.23.15

par mail

Recruteurs

Rendez-vous sur votre espace recruteur.

Espace recruteur