Dans une plateforme de huit propositions, l’Uniopss (Union nationale interfédérale des œuvres et organismes privés non lucratifs sanitaires et sociaux) livre le fruit d’une réflexion menée avec plus de 20 de ses adhérents sur l’accès à l’hébergement et au logement des jeunes en difficulté, en particulier sortant des dispositifs de l’aide sociale à l’enfance (ASE) ou de la protection judiciaire de la jeunesse (PJJ)(1). Une contribution née d’« une co-construction, d’un regard commun de deux secteurs » – ceux de la protection de la jeunesse et de la lutte contre l’exclusion –, ainsi que des enseignements du terrain, précise Samia Darani, conseillère technique au pôle « enfance, famille, jeunesse » de l’Uniopss. L’union, qui s’est aussi appuyée sur le rapport sur le logement autonome des jeunes publié en 2013 par le Conseil économique, social et environnemental, entend faire du résultat de ces travaux « un support pour être force de propositions » dans le cadre du prochain comité interministériel de la jeunesse annoncé pour juin, précise Jeanne Dietrich, conseillère technique au pôle « lutte contre les exclusions ».
Premier enjeu, souligne le document : mieux connaître les besoins, notamment en tenant compte du nombre de jeunes sortant de l’ASE ou de la PJJ dans les plans départementaux d’accueil, d’hébergement et de logement des personnes défavorisées (PDAHLPD). Il s’agirait ensuite de programmer une offre adaptée, en intermédiation locative ou en logements à bas loyers, et de prévoir un droit de réservation spécifique d’Action logement. Pour mieux informer les professionnels de l’enfance sur les solutions existantes, l’Uniopss suggère d’inclure dans leur formation un module sur l’accompagnement « vers et dans le logement ». Cet accompagnement devrait être anticipé par une évaluation obligatoire de l’autonomie du jeune six mois avant la fin de sa prise en charge, financée par le conseil général ou la PJJ, estime-t-elle. En outre, il devrait être considéré comme une « mission d’intérêt public » avec les moyens correspondant à une prise en charge « globale et cohérente ». Or, aujourd’hui, « les deux mesures que sont l’ASLL (conseil général) et l’AVDL (Etat) [relèvent de] financements par prestations, ce qui génère des ruptures ». L’Uniopss préconise la mise en œuvre d’un « projet pour le jeune », que celui-ci élaborerait avec les professionnels. Un référent serait désigné dans le cadre de ce suivi, qui durerait « au moins un an et ce, jusqu’à stabilisation du jeune dans sa vie d’adulte ».
Le document recommande également la mise en place d’instances de concertation entre les acteurs de l’enfance, du logement et de l’hébergement – au sein des SIAO (services intégrés d’accueil et d’intégration) notamment –, mais aussi des partenariats avec les acteurs de l’insertion pour mobiliser certains dispositifs. Ainsi, des solutions d’intermédiation locative pourraient prendre le relais de logements proposés dans le cadre de contrats jeunes majeurs.
(1) Disponible sur