Auditionnée le 17 avril par la délégation aux droits des femmes de l’Assemblée nationale, la secrétaire d’Etat chargée de la lutte contre l’exclusion s’est exprimée sur les conditions de mise en œuvre de certaines mesures prévues par le plan pluriannuel contre la pauvreté et pour l’inclusion sociale de 2013(1).
Ce dernier prévoyait notamment la création de 5 000 places d’hébergement d’urgence dès 2013 dont un tiers devait être dédié aux femmes victimes de violences. Si l’objectif global a été dépassé – 7 000 places ont été ouvertes –, le quota d’un tiers pour les femmes victimes de violences n’est en revanche « pas encore rempli, a déploré Ségolène Neuville(2). Donc, cet objectif, nous l’avons toujours, ce qui fait un objectif entre 1 500 et 2 000 nouvelles places ». « Evidemment, il y a des freins », a expliqué la secrétaire d’Etat. Par exemple, beaucoup de places sont des places d’hôtel, créées dans l’urgence pour les personnes sans domicile fixe. Autre obstacle, selon elle : « les structures qui accueillent sont habituées à recevoir des personnes sans domicile fixe mais n’ont pas la culture et l’habitude d’accueillir des publics spécifiques ». « On voit bien vraiment l’intérêt des places spécifiques et même des structures spécifiques car c’est un métier différent que d’accueillir des femmes victimes de violences. » Pour la secrétaire d’Etat, ce problème devrait notamment pouvoir être réglé grâce au plan de réduction des nuitées hôtelières mis en œuvre par la ministre du Logement, Sylvia Pinel(3). L’objectif étant de « transformer les nuitées hôtelières en des nuitées dans des structures alternatives pouvant accueillir des femmes avec leurs enfants » et induisant un accompagnement social systématique.
Par ailleurs, Ségolène Neuville a indiqué que, dans le cadre de l’expérimentation de la garantie contre les impayés de pensions alimentaires(4), « 1 000 pensions minimales ont été versées à ce jour pour un montant moyen de 45 € par mois par enfant ». « Mais il reste encore beaucoup de travail d’information à faire », a-t-elle reconnu.
Le plan « pauvreté » avait aussi entériné l’augmentation du taux de scolarisation des enfants de moins de 3 ans, en priorité ceux résidant dans les zones d’éducation prioritaires et dans les territoires ultramarins. L’objectif étant d’assurer l’égalité des chances entre tous les enfants et de favoriser l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes. « C’est une mesure où les moyens ont été mis mais [qui n’est] pour autant pas totalement effective », a regretté la secrétaire d’Etat, expliquant faire face à la réticence des parents à scolariser leurs enfants de moins de 3 ans. Aussi le gouvernement a-t-il entamé des discussions avec les caisses d’allocations familiales, les services de protection maternelle infantile et l’ensemble des partenaires afin qu’ils sensibilisent les familles « sur le fait qu’il est important de mettre l’enfant à l’école le plus tôt possible ».
(2) Rappelons en effet que, à l’occasion de son bilan en matière de lutte contre les violences faites aux femmes (voir ASH n° 2885 du 28-11-14, p. 9), le gouvernement a indiqué que 600 places avaient été créées à la mi-2014.