Un groupe de parole parents-enseignants organisé dans le quartier Maurepas à Rennes, un jardin partagé tenu par des enfants, leurs parents et leurs enseignants à Brest, des ateliers d’écriture sur le thème de la réussite scolaire à Flers et Alençon… Autant d’initiatives développées dans une quinzaine de quartiers en France pour favoriser la participation des parents les plus exclus à l’école, motiver des rencontres avec les enseignants (du primaire au collège) et faire tomber les idées reçues réciproques. Menée de 2010 à 2014 à l’appel de huit organisations – ATD quart monde, l’IRDSU, la FCPE, la FGPEP, Prisme, la FCSF, la MRIE et l’ACEPP(1) –, l’action « En associant leurs parents, tous les enfants peuvent réussir »(2) a fait l’objet d’un bilan, présenté le 11 avril à Saint-Denis à l’occasion de rencontres nationales. Au vu « des nombreuses réussites de terrain – des parents ont pris conscience de leur capacité à soutenir eux-mêmes leurs enfants – », le projet a pour ambition d’essaimer dans « mille et un territoires ». Pour y parvenir, les associations ont rédigé une série de propositions favorisant cette coopération, qu’ils soumettront au ministère de l’Education nationale, aux rectorats… La formation est l’un des enjeux majeurs : il est nécessaire, selon elles, non seulement d’inscrire la relation aux parents dans les plans de formation initiale et continue des enseignants et des personnels de l’Education nationale, mais aussi de valoriser ce type de formation auprès de tous les acteurs éducatifs et sociaux. En outre, il faudrait mettre en place dans les quartiers des coformations parents-professionnels, où les premiers pourraient mieux comprendre le rôle des seconds et les seconds appréhender ce que les premiers peuvent apporter à l’école. Pour cela, les pilotes du projet recommandent que du temps de travail soit dégagé pour les professionnels. Une autre proposition consiste à associer les parents le plus en amont possible lors de la conception des projets éducatifs de territoire. Les associations préconisent de mobiliser des moyens matériels et humains pour favoriser les rencontres et l’animation de l’ensemble de ces initiatives. Il leur semble également important que ces démarches de coopération avec les parents les plus éloignés de l’école soient étendues à tous les espaces sociaux (centres sociaux…), et pas seulement aux murs des établissements scolaires. Au cours des cinq années durant lesquelles le projet a été mené, la loi de refondation de l’école a été votée(3), qui va « dans le sens de ces propositions », estiment les organisations. « Elles s’inscrivent clairement dans le cadre de la circulaire du 15 octobre 2013 visant à “renforcer la coopération entre les parents et l’école dans les territoires”[4] et qui met du temps à être appliquée sur le terrain », regrettent-elles.
Elles espèrent que Najat Vallaud Belkacem, ministre de l’Education nationale, fera écho à leurs propositions. La présentation par le Conseil économique, social et environnemental, le 12 mai prochain, de son avis intitulé « Une école de la réussite pour tous » (dont la rapporteure est Marie-Aleth Grard, vice-présidente d’ATD quart monde), pourrait en être l’occasion.
(1) L’Inter-réseaux des professionnels du développement social urbain, la Fédération des conseils de parents d’élèves, la Fédération générale des pupilles de l’enseignement public, Promotion des initiatives sociales en milieux éducatifs, la Fédération des centres sociaux et socioculturels de France, la Mission régionale d’information sur l’exclusion (Rhône-Alpes), l’Association des collectifs enfants parents professionnels.
(2)