Impressions d’habitat social

Nolwenn Brod, Philippe Grollier, Yannick Labrousse, Vincent Leroux et Patrice Normand sont tous photographes au sein du collectif TempsMachine et ont, chacun à leur manière, photographié l’habitat social de Normandie et du Nord-Pas-de-Calais, d’est en ouest, de Cherbourg à Lille, pour l’ouvrage Habitat en région. C’est l’écrivain Hélèna Villovitch qui s’est prêtée au jeu du commentaire narratif et poétique en illustrant de ses textes les photos les plus marquantes. Cinq bailleurs sociaux sont représentés à travers une centaine de photos. Chaque séquence débute par une série de portraits de salariés et montre la diversité des compétences – construire, réhabiliter, rénover, entretenir, accompagner les habitants – avant de saisir les résidents dans leur environnement, puis dans l’intimité de leurs intérieurs. Devant la résidence La Noé, à Tourlaville, des jeunes jouent au football sur un terrain en bitume ; des motards passent devant les maisons de Brix ; les vélos sont nombreux à stationner sous les fenêtres de la résidence Saint-Julien, à Rouen. A Yvetot, dans la résidence Isère, une famille nombreuse se chamaille dans son salon, tandis qu’à la résidence Ostermeyer, un papa apprend la guitare à son petit garçon. Stéphanie et ses quatre enfants profitent de leur terrasse de la résidence Dutertre, à Boulogne-sur-Mer, quand Monique expose fièrement sa collection d’assiettes à la résidence La Glacerie, à Froment. Certaines images sont plus mystérieuses, celles où les photographes ont choisi d’immortaliser des espaces vides – une cage d’escalier, une entrée de parking, une cour intérieure, un mur de boîtes à lettres… Les artistes disent avoir « cherché ainsi à interroger le réel en lui laissant toute sa part d’opacité et de vérité, sans livrer de réponses faciles ». Certes, il s’agit d’un livre de commande qui valorise les logements sociaux, mais l’angle choisi est original, le projet ancré dans une démarche culturelle et le résultat plus proche du documentaire que du publireportage. Les photos des appartements, par leur mise en scène, rappellent d’ailleurs des tableaux léchés.