Comment s’y prendre avec les bénéficiaires du RSA ? Cette commande qu’un service d’insertion avait passée au psychanalyste Louis-Georges Papon (décédé en 2014) est à l’origine de ce bref essai, première publication d’une nouvelle collection « Psychanalyse et travail social » confiée au psychanalyste Joseph Rouzel, éducateur spécialisé de formation. A l’instar de ce dernier, Louis-Georges Papon avait l’habitude d’intervenir dans le champ social, notamment à l’invite d’équipes soucieuses de réfléchir sur leurs pratiques. Aux travailleurs sociaux qu’il était chargé, pour cette commande, d’aider à appréhender l’embarras éprouvé dans leurs relations avec un public en grande difficulté, Louis-Georges Papon ne fournit ni conseils ni recettes. Il ne faut « pas s’imaginer que la clinique psychanalytique vise des profondeurs que d’autres pratiques ne pourraient atteindre », affirme-t-il. Il y a d’ailleurs une parenté entre le divan et le terrain, un « cousinage », voire une « communauté de destin » qui unissent le psychanalyste et le travailleur social, souligne-t-il encore. Pas d’éclairages frontaux, donc, mais une invitation au détour et au déplacement pour sortir d’une conception orthopédique du travail social. Le propos est alléchant, et certains développements sur l’organisation de la cité donnent matière à penser. Cependant, on ne suit pas toutes les intuitions de l’auteur – par exemple, celle qui relie la position d’exclu à une exclusion mal intégrée de la « scène primitive » par l’intéressé. Plus globalement, si les chemins de l’inconscient sont impénétrables, c’est souvent aussi le cas de ce texte pour les non-experts du langage lacanien.
Psychanalyse et travail social, un certain cousinage
Louis-Georges Papon – Ed. érès – 10 €