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« Le secteur associatif doit être plus visible dans sa capacité à innover »

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La place des associations de solidarité dans l’économie sociale et solidaire (ESS) faisait l’objet d’un débat organisé le 27 mars par l’Union nationale interfédérale des œuvres et organismes privés non lucratifs sanitaires et sociaux (Uniopss), qui a rendu public un outil pédagogique décryptant les enjeux de la loi du 31 juillet 2014 et valorisant les projets innovants(1). Guillaume Quercy, directeur de l’Uriopss Ile-de-France, revient sur ceux qui sont développés en partenariat avec la région.
Quelle est la nature de la convention entre l’Uriopss et la région Ile-de-France ?

Elle s’inscrit dans le cadre de la volonté de la région de structurer des filières de l’ESS qualifiées de stratégiques, notamment le secteur social, médico-social et sanitaire. Un premier appel à candidatures a été lancé à l’automne, un deuxième le sera avant l’été. Ils vont permettre l’émergence de huit projets innovants soutenus par l’Uriopss et financés à 50 % par la région. Si ces actions ne sont pas directement issues des nouveaux outils de la loi sur l’ESS, la région s’est appuyée sur la volonté politique qui a porté ce secteur sur le devant de la scène pour le développer et le rendre visible.

Comment ces projets s’ancrent-ils dans l’ESS ?

L’un d’eux, piloté par Vie et Cité et porté par neuf associations de prévention spécialisée intervenant dans la Seine-Saint-Denis, vise à créer une plateforme mutualisée pour développer les chantiers éducatifs. L’idée est de professionnaliser le rapprochement avec le monde de l’entreprise et des collectivités, afin de démultiplier les partenariats tout en permettant aux éducateurs de se remobiliser sur leur cœur de métier. Tout en répondant à une demande du secteur économique, il favorise les capacités d’insertion. Le projet de la Fondation Ellen Poidatz crée un dispositif original, à l’image des SEL [services d’échanges locaux], à l’échelle d’un territoire et ouvert à tous les acteurs, pour rapprocher l’offre des besoins. Par exemple, un établissement médico-social peut prêter une salle à un club sportif, qui va organiser en retour une animation sportive pour ses résidents… Un autre projet, lancé par l’association Cordia, consiste en une recherche-action pour analyser et mettre en valeur les capacités acquises par les résidents d’appartements de coordination thérapeutique, afin d’identifier leurs compétences acquises en situation de stress. Ce projet comporte à la fois une dimension citoyenne – développer le pouvoir d’agir des personnes accompagnées – et économique, puisque améliorer l’efficacité du dispositif contribue à optimiser la dépense publique. L’UNA Essonne a lancé un projet de gestion prévisionnelle des emplois et des compétences permettant de travailler sur les mobilités professionnelles à l’échelle d’un territoire, par le maillage d’un réseau d’acteurs. En donnant des perspectives de carrière, il vise à créer des emplois et de l’activité.

Cette reconnaissance au sein de l’ESS entraîne-t-elle un changement de modèle ?

Elle permet surtout un changement d’échelle. Le secteur associatif s’est beaucoup professionnalisé, mais doit être plus visible dans sa capacité à innover sur un territoire, dans un écosystème équilibré concourant à la citoyenneté, à la démocratie sociale, au développement social et économique. La loi sur l’ESS, au-delà de ses outils financiers et juridiques, va aider le secteur associatif à se reconnaître dans une dynamique entrepreneuriale et partenariale, qui implique de penser différemment la manière dont il s’inscrit dans le territoire.

Faut-il craindre un essoufflement de l’impulsion donnée par la loi ?

Deux risques existent : par un effet de changement de majorité ou de personnes, que la priorité donnée à l’ESS soit moindre. Quelque chose dont on parle peu a du mal à vivre, et c’est la raison pour laquelle nous nous attachons à entretenir la flamme. Le second risque est de voir les associations devenir les victimes involontaires d’un système qui a ouvert l’ESS aux entreprises marchandes. On est encore dans le flou sur le contrôle du respect des critères fixés par la loi ! En dix ans, la loi Borloo a fait émerger un secteur commercial des services à la personne, qui a déstructuré un secteur en voie de structuration sans que l’accessibilité des services ait été améliorée. La question du modèle économique se pose, quand les excédants générés ne sont pas réinjectés dans le projet. Si un certain nombre d’entreprises peuvent se réclamer de l’ESS, il faut porter haut les exigences.

Notes

(1) Cahier de l’Uniopss n° 22 – A commander sur www.uniopss.asso.fr – 25 €.

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