La Cour des comptes européenne craint un essoufflement de la garantie pour la jeunesse. Dans un rapport rendu public le 24 mars(1), elle estime en effet que cet instrument, lancé par la Commission européenne il y a deux ans en vue d’aider tous les chômeurs de moins de 25 ans à trouver un emploi, est confronté à une série de défis. « Le succès futur de la garantie pour la jeunesse ne peut être tenu pour acquis d’avance. La disponibilité d’un financement total suffisant pour le dispositif, le fait que les offres proposées aux jeunes chômeurs soient de “qualité” et la manière dont la Commission assure le suivi du dispositif et rend compte des résultats de ce dernier sont […] trois aspects à risques », explique Iliana Ivanova, coauteur bulgare du rapport. Elle reconnaît que, à l’heure actuelle, aucun jeune n’a encore trouvé d’emploi grâce à cette initiative phare de la Commission.
Pour mémoire, la garantie pour la jeunesse a été lancée en 2013 en vue d’offrir aux jeunes un emploi de qualité, un apprentissage, un stage ou une formation continue dans les quatre mois suivant leur sortie de l’enseignement ou la perte de leur travail. Ce dispositif est financé par le budget de l’Union européenne (UE) à hauteur de 12,7 milliards d’euros pour la période 2014-2020, un financement complété par les Etats membres et, selon les cas, par des fonds privés.
La Cour des comptes regrette que la Commission n’ait pas étudié l’impact de cette initiative (coûts et bénéfices), comme c’est pourtant l’usage. Elle craint que cette omission n’entraîne un sous-financement. D’autant, ajoute-t-elle, que le montant du financement national affecté au dispositif n’est toujours pas clairement déterminé : neuf Etats membres n’ont pas encore donné d’informations sur ce volet à la Commission européenne et les autres Etats ont fourni des informations « avec un niveau de détail variable », note Iliana Ivanova. A l’heure actuelle, les contributions nationales sont estimées approximativement à 4 milliards d’euros, ce qui porte l’enveloppe totale à 16,7 milliards d’euros pour la période 2014-2020. Or, rappelle la Cour des comptes européenne, d’après l’Organisation internationale du travail, le coût de mise en œuvre de la garantie pour la jeunesse pourrait atteindre 21 milliards d’euros par an.
La Cour conclut son rapport par trois recommandations. Il faut tout d’abord, selon elle, que les Etats membres fournissent une vue d’ensemble claire et complète du coût de toutes les mesures qu’ils prévoient de mettre en œuvre dans le cadre du dispositif, de sorte que la Commission puisse évaluer les besoins globaux en matière de financement. La Cour des comptes européenne demande également à la Commission de promouvoir une série de critères qualitatifs que les emplois, les stages et les apprentissages doivent remplir pour bénéficier d’un soutien financier de l’UE. Enfin, elle estime que la Commission devrait mettre en place un système de suivi exhaustif du dispositif couvrant aussi bien les réformes structurelles que les mesures ciblant les individus.
(1) Disponible sur