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Une « arme » pour reconquérir la rue

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Il y a deux ans, la galerie Fait & Cause ouvrait pour la première fois ses portes à l’association Cent Voix ! C’était à l’occasion d’une exposition qui présentait les tout premiers travaux des participantes aux ateliers de récits photographiques animés par Flore-Aël Surun et Jean-Louis Courtinat et organisés au sein des structures d’accueil de l’association Aurore(1). Deux ans après, la nouvelle exposition proposée jusqu’au 24 avril montre de nouveau le travail de femmes en situation de précarité, toutes résidentes au sein de la Maison Cœur de femmes. On a donné des appareils photo à Blandine, Nelly, Pénélope, Magali et les autres et, pendant six mois, encadrées cette fois par Sarah Moon et José Chidlovsky, elles ont mitraillé leur quotidien. « La rue appartient à tous, mais ceux qui sont réduits à y vivre n’en possèdent que les miettes », explique José Chidlovsky. Selon lui, les femmes de Cent Voix ! ont utilisé l’appareil photo comme un stylo, mais aussi comme « une arme permettant de reconquérir cet espace ». Une fois par semaine, il a aidé, « sans les diriger », ces femmes de 25 à 50 ans aux parcours et aux origines différents, mais qui ont en commun le besoin de se reconstruire. Sarah Moon, quant à elle, leur a donné comme seule consigne « de photographier ce qu’elles aiment, ce qu’elles n’aiment pas, ce qu’elles voient et de voir derrière les choses ». Elle ajoute : « Le but n’était pas de “faire joli”, mais de montrer son être. Une ligne directrice apparaissait au fur et à mesure qu’on regroupait les photos, ce qui a permis de constituer des “carnets de route” évoquant les moments cruciaux de la vie de l’auteur. » Ces carnets ont été imprimés et sont vendus à l’unité (5 €) ou en coffret (38 €). Quant aux images accrochées à la galerie et tirées de ces œuvres, elles laissent deviner les souffrances subies, les espoirs déçus : chacune avec son style, son vécu, sa vision, son authenticité. Marie photographie son ombre beaucoup et partout, sans jamais montrer sa vraie image. Magali s’est photographiée avec une bouteille d’alcool à la main et a écrit un texte autour de son « combat ». Les légendes sont simples et équivoques : il y a ces photos intitulées Solitude, Espoir ou Ma douleur, mais aussi celles qui sont plus quotidiennes, comme Mon lit, Courses au supermarché, etc. Beaucoup de ces images ont cet aspect flou et vieilli qui caractérise l’œuvre de Sarah Moon, mais qui montre aussi que ces femmes sont usées. Les ongles rongés jusqu’à l’os immortalisés en gros plan ne sont qu’une autre façon de le dire.

L’une et l’autre. Carnets de route

Jusqu’au 25 avril, à la galerie Fait & Cause – 58, rue Quincampoix, Paris IVe – Du mardi au samedi, de 13 h 30 à 18 h 30 – Carnets en vente à la galerie ou sur www.centvoix.com

Notes

(1) Voir ASH n° 2802 du 22-03-13, p. 34.

Culture

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