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Un dédale très fréquenté

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A Forbin, il y a des bruits de clés, des flux d’hommes qui se croisent dans les couloirs, des tickets pour les repas, des altercations dont on ne sait pas toujours comment elles ont commencé, et des haut-parleurs qui débitent des consignes – beaucoup de consignes. Forbin, c’est un dédale vertigineux d’escaliers, d’étages, de couloirs et de chambres numérotées. Les nouveaux s’y perdent. Les anciens s’y ennuient. Et les relations entre hébergés y semblent réduites au strict minimum : échange de briquet, bouteille d’alcool partagée en cachette, plaisanteries sur le programme télé – et parfois, violence. Pourtant, chaque soir, ils sont 300 à y revenir. Trois cents hommes, accueillis au centre d’hébergement et de réinsertion sociale (CHRS) Forbin de la Fondation Saint-Jean-de-Dieu, à Marseille, faute de disposer d’un autre endroit où dormir. Deux hivers de suite, presque tous les jours, les réalisateurs Emmanuel Gras et Aline Dalbis ont partagé l’errance et filmé le quotidien des hébergés, pour donner naissance au documentaire 300 hommes. Le poids de l’inertie dans cette activité incessante. La brutalité de l’isolement dans cette collectivité écrasante. « Nous avons choisi de tourner à Forbin, parce que c’est un lieu qui fonctionne relativement bien, expliquent-ils. Nous ne voulions pas d’un énième film sur le fonctionnement d’une institution, vue à travers les yeux de ceux qui y travaillent. Notre intérêt était de capter l’ambiance du lieu, les rapports qui s’y tissent, de montrer ce que signifie être là. » Sans interview, ni sous-titre, ni commentaire, le film ne donne aucune indication sur l’identité ou le parcours des hébergés, pas plus que la caméra ne s’attarde sur « les rides sur ces visages marqués ». L’image est là pour « faire exister ces hommes entre ces murs » ; le son, particulièrement travaillé, pour « traduire une intériorité des personnages ». Le film y réussit admirablement, sondant l’humanité de ces naufragés, englués dans un quotidien qui « consiste à revenir chaque jour entre les murs de l’accueil de nuit ». « La journée, ils marchent. La nuit, ils sont morts, décrit ainsi l’un des personnages. Mais moi je pense, je réfléchis. Et je veux pas crever comme eux. »

Au CHRS Forbin, 2 254 personnes ont été hébergées en 2013.

300 hommes

Aline Dalbis et Emmanuel Gras – 1 h 22 – En salles

Culture

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