Le bilan négatif, dressé par l’inspection des services pénitentiaires, de l’expérimentation du regroupement des détenus radicalisés au centre pénitentiaire de Fresnes (voir ce numéro, page 12) confirme « le caractère précipité de l’annonce du Premier ministre le 13 janvier, puis de la garde des Sceaux le 3 février, de créer cinq quartiers dédiés aux personnes détenues radicalisées », critique l’Observatoire international des prisons (OIP). En l’absence des résultats de cette évaluation, les syndicats des personnels pénitentiaires d’insertion et de probation s’étaient déjà montrés très réticents à la généralisation de la démarche. Le rapport d’inspection confirme l’existence d’un « dispositif impensé » et « inopérant », ajoute l’OIP, récapitulant toutes les failles relevées par l’inspection, du manque de concertation aux incohérences dans la sélection des détenus, en passant par l’absence d’outil de suivi et d’évaluation.
Si le dispositif a été « bien pensé pour ne pas être juridiquement contestable », ajoute l’OIP, il conduit tout de même à des atteintes aux droits. Ainsi, « aucun mécanisme de sortie de l’unité n’a été prévu » et le placement dans cette unité laisse « craindre des conséquences sur les décisions d’aménagement de peine et les possibilités de réinsertion ». L’obligation pour les proches de réserver leur parloir par le standard téléphonique, et non par la borne électronique prévue à cet effet, est par ailleurs « un obstacle de taille », l’OIP ayant constaté à plusieurs reprises « l’engorgement de cette ligne et les grandes difficultés à obtenir un interlocuteur ». L’inspection « réfute à l’expérimentation de Fresnes le caractère de “modèle à suivre”. Dont acte », souligne l’organisation.