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Une démarche singulière

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Dans les situations de dépendance liée à l’âge, la médiation familiale présente quelques spécificités, qui en font aussi l’intérêt.

Si les principes fondamentaux (neutralité du médiateur, consentement des personnes, confidentialité des propos) et les objectifs de la démarche (mettre à plat les problèmes en vue de trouver une solution qui convienne à tous) sont les mêmes, la médiation familiale autour des personnes âgées diffère de l’approche en cas de séparation et de divorce. Alors que les situations de conflit conjugal supposent la rencontre de deux personnes (le couple), c’est une médiation de groupe. Elle concerne en général les enfants de la personne âgée, mais aussi son conjoint lui-même âgé (lorsqu’il est encore en vie) et parfois ses frères et sœurs, encore autonomes, qui veulent être impliqués dans la décision… Le simple recueil du consentement des participants est donc un travail en soi à l’issue toujours incertaine : « Cela nécessite de nombreux entretiens individuels en amont avec chacun des membres de la fratrie. Puis, seulement quand tout le monde est d’accord et “mûr”, il peut y avoir une séance de médiation proprement dite », explique Marie-Odile Redouin, médiatrice familiale à Paris.

Le nombre des participants suscite d’autres difficultés. Par exemple, lorsque les enfants sont dispersés aux quatre coins de la France. « S’organiser pour participer à la médiation familiale est alors pour eux un véritable investissement affectif – et parfois aussi financier lorsque certains ont un niveau de vie modeste et doivent acheter un billet de train », observe Elisabeth Gailly, médiatrice familiale à Chatou (Yvelines). « L’enjeu est d’autant plus important qu’il arrive que les membres de certaines familles ne se soient pas rencontrés depuis des années », observe Florence Daugey, médiatrice familiale à Besançon. Comme d’autres professionnels, cette dernière préfère d’ailleurs travailler en comédiation (en binôme avec sa collègue Claudine Blasselle) sur ce type de problématique complexe.

DÉCIDÉE PAR L’ENTOURAGE

Autre singularité : la médiation familiale est souvent à l’initiative d’un des proches plutôt qu’à celle de la personne âgée elle-même. Et si, dans la mesure du possible, cette dernière participe au processus, « dans certains cas, sa santé est tellement dégradée que cela n’est pas possible », explique Audrey Ringot, présidente de l’Association pour la médiation familiale. « Il peut également arriver que trois membres sur quatre décident d’effectuer une médiation familiale concernant leur parent : c’est leur choix et c’est aussi tout à fait possible s’ils estiment que cela sera utile », avance Marie-Odile Redouin.

En outre au moins deux générations sont impliquées. De quoi conférer « une acuité particulière à la place et au rôle de chacun dans la configuration familiale, souligne Audrey Ringot. Alors que la maladie et la vieillesse changent les relations entre les générations et au sein de la fratrie, il est fondamental d’aborder les rapports entre les uns et les autres de façon concrète et non théorique. » « La situation est souvent d’autant plus tendue que se rejouent les relations qui existaient dans l’enfance entre membres de la fratrie – jalousie, sentiment de tout prendre en charge… », observe Sophie Lassalle, secrétaire générale de la Fédération nationale de la médiation et des espaces familiaux. « Ce sont des situations où il y a en général beaucoup d’affects avec des histoires qui remontent à l’enfance », précise Florence Daugey. D’où la nécessité de « savoir se concentrer sur le problème principal lié à la personne âgée et, sans occulter les rivalités anciennes, bien expliquer que ce n’est pas le sujet », poursuit Elisabeth Gailly.

Quant aux questions abordées, rien à voir avec ce qui se joue lors d’un conflit conjugal : « Il s’agit de permettre à chacune des personnes impliquées de prendre le temps de discuter d’un sujet très peu abordé dans le cadre des réunions familiales habituelles, à savoir la dépendance et la fin de vie », relève Audrey Ringot.

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