Pôle emploi, versant soleil

Peut-on s’évader avec un livre qui traite de Pôle emploi ? Peut-on savourer chaque page d’un témoignage sur les dessous de cette institution ? Colette Coutarel relève le défi, et nous propose même une Promenade romantique à Pôle emploi. On ne lit que des choses négatives sur son employeur ? Cette conseillère aveyronnaise a pris le parti d’en parler avec idéalisme, sentimentalité… et élégance ! Après quatorze ans à Pôle emploi, elle a traversé des périodes « d’enthousiasme, de doute, de lassitude et de révolte ». Certes. Mais elle en a assez des habituels règlements de comptes et – même si elle n’adhère pas forcément aux orientations prises par ses instances supérieures – livre quelques tranches de vie qui témoignent de l’aptitude « des uns à écouter les autres, à les aider, à croire en eux et en leurs capacités ». Au fil des 80 pages de ce petit ouvrage, elle parle des CV qu’elle reçoit – ces feuilles sur lesquelles des vies entières sont résumées, et qui relèvent finalement d’une « mise à nu inconvenante » –, des complicités qui se sont bâties avec certains demandeurs d’emploi – alors même qu’elle s’était interdit de mêler vie privée et vie professionnelle –, des jeunes et des moins jeunes qui ont rebondi sur cette « planche de salut qu’ils ont pu saisir », et de la grande joie de pouvoir lâcher la main d’une personne suivie « avec le sentiment du travail bien fait et du résultat atteint ». Elle regrette que certains de ses « clients » viennent à Pôle emploi comme « des veaux à l’abattoir ». Beaucoup se rendent dans son bureau uniquement pour percevoir des espèces sonnantes et trébuchantes et ne la considèrent pas comme une professionnelle de l’orientation et des techniques de recherche d’emploi, rôle qui lui tient pourtant tellement à cœur. Pour lutter contre cet état de fait, elle lance des propositions pour réformer ce qu’elle appelle sa « belle institution ».

Le tableau est trop rose ? Peut-être, mais Colette Coutarel a sciemment choisi de ne partager que « les moments d’arc-en-ciel qui traversent des journées souvent pluvieuses et orageuses ». Elle avoue dans les dernières pages qu’il n’y a pas que de la poésie dans les situations qu’elle rencontre et se dit prête à prendre la plume une seconde fois pour décrire « l’autre versant de la montagne ».