Les SDF par le menu

Tout, vous saurez tout sur les SDF en parcourant le webdocumentaire #Salauds de pauvres. Des mois d’enquête, près de 50 interviews, des milliers de photos, des prises de son sur le vif… Les journalistes Patrick Séverin et Michael De Plaen ont réalisé une œuvre précieuse sur la mendicité en Belgique. Ils mettent l’accent sur la situation de Bruxelles où, selon une enquête de 2005, il y aurait 1 944 sans-abri, mais seulement 265 mendiants. En cliquant sur « Vivez l’expérience », vous accéderez à différentes rubriques richement illustrées. Dans « Qui sont-ils ? », vous découvrirez qui sont les visages derrière les sébiles. Parmi ceux que les Belges appellent les « mancheurs », il y a Danny, Patrick, Dédé, Frédéric, Laetitia… Des hommes et des femmes à la voix cassée, qui n’hésitent pas à dire que la mendicité sert à financer « la picole ». Ils parlent aussi de leur honte à tendre la main – « Je suis tombé sur d’anciens collègues de travail, c’était la douche froide » –, de leur désœuvrement – « On passe la journée sur les bancs. On attend le soir pour se coucher » –, ou de leur courroux – « Trop de passants me donnent de l’argent en spécifiant que c’est pour mon chien et pas pour moi »… Un gros plan est fait sur les mendiants toxico, sur les Roms, sur les femmes à la rue, ou encore sur ces personnes qui ont un toit mais mendient pour payer leur loyer à coups de centimes. Alors qu’à Liège, à Charleroi ou à Namur, les bourgmestres ont réglementé la mendicité ces dernières années, elle est encore autorisée à Bruxelles. Les journalistes ont voulu connaître l’impact de cette pratique sur la capitale. Quels sont les quartiers les plus touchés ? Où se trouvent les « meilleurs emplacements »? La présence des mancheurs est-elle un frein pour le commerce ? Est-elle néfaste à l’image de Bruxelles ? Un chapitre est même consacré aux « stratégies gagnantes » pour collecter le plus de dons. Un ultime scroll, et vous tombez sur l’onglet « Pourquoi donner ? ». Afin de répondre à cette question très directe, les journalistes ont tendu le micro à un ethnologue, un économiste et un sociologue. Lesquels mettent en avant l’ambivalence qui est en chacun de nous. Ainsi, souligne le sociologue, une même personne peut appeler la police pour signaler la présence indésirable d’un SDF et lui donner à manger : « Nous sommes tiraillés entre culpabilité et désir d’ordre. » Soutenu par le Forum bruxellois de lutte contre la pauvreté, #Salauds de pauvres a été plusieurs fois primé dans son pays d’origine (meilleure œuvre transmédia de la fédération Wallonie-Bruxelles, prix du public et prix coup de cœur Kisskissbankbank au Liège Web Fest) et mérite toute l’attention du public français.