Au deuxième trimestre 2014, « près de 22 % des jeunes européens » sont au chômage et « 14 millions de jeunes de moins de 29 ans ne sont ni en emploi, ni en études, ni en cours de formation », constate un rapport d’information sur l’emploi des jeunes en Europe, adopté par la commission des affaires européennes de l’Assemblée nationale(1). Son rapporteur, le député (PS) Philip Cordery, s’inspirant des actions menées dans les pays qui ont de « bons résultats » en termes d’emploi des jeunes (l’Allemagne, l’Autriche et les pays scandinaves), fait des propositions pour intensifier la lutte contre le chômage des jeunes en France.
Actuellement, « l’imbrication entre garantie jeunes et garantie pour la jeunesse pose un problème de lisibilité qui nuit à la compréhension et à l’efficacité des deux dispositifs », relève le rapporteur qui recommande de les fusionner afin d’en « améliorer la connaissance et l’efficacité » et de « permettre d’aboutir à une réelle garantie [d’emploi] offerte à chaque jeune ». En effet, ces deux mesures visant à lutter contre le chômage des jeunes peuvent prêter à confusion. L’une est française, l’autre européenne. La garantie pour la jeunesse, européenne, s’intègre au sein de l’« Initiative pour l’emploi des jeunes » lancée en 2013. L’objectif est d’aider les régions dont le taux de chômage des jeunes est supérieur à 25 % à mettre en œuvre des mesures destinées à encourager l’emploi des 15-24 ans qui sont sans emploi et sans qualification. La garantie jeunes, quant à elle, répond aux incitations de l’Union européenne faites aux Etats membres à proposer des solutions, particulièrement aux jeunes qui ne sont ni en emploi, ni en formation. Expérimentée depuis 2013(2), elle concerne, pour mémoire, les jeunes de 18 à 25 ans en situation de précarité qui se voient proposer un accompagnement renforcé vers l’emploi, avec une allocation d’un montant équivalant au revenu de solidarité active.
Le rapport propose en outre d’étendre la garantie pour la jeunesse aux jeunes de 25 à 30 ans, qui « souffrent aussi beaucoup du chômage ». Il soulève également la question du périmètre régional de cette garantie européenne, qui s’adresse actuellement aux régions dont le taux de chômage des jeunes est supérieur à 25 %. Or, relève le rapporteur, « il existe dans certaines régions riches des poches subrégionales à fort taux de chômage des jeunes ». Ainsi, une meilleure définition des territoires éligibles serait nécessaire.
Autre proposition : créer un guichet unique concentrant en un seul lieu tous les interlocuteurs susceptibles d’aider les jeunes dans leur recherche d’emploi. Philip Cordery cite l’exemple de l’expérience menée depuis 2010 dans l’Oise avec la « mission locale de l’entreprise et de la formation », qui fédère en un guichet unique tous les services pour l’emploi, y compris ceux qui se trouvent en périphérie de la recherche d’emploi comme les aspects sociaux, la formation, la santé ou l’orientation, en collaboration avec Pôle emploi.
Le rapporteur suggère aussi une série de mesures visant à accompagner le plus tôt possible les jeunes peu qualifiés dans l’accès à l’emploi :
→ en identifiant les jeunes susceptibles de décrocher, par une meilleure coopération entre les enseignants et les services de l’emploi ;
→ en proposant aux jeunes en voie de décrochage une formation adaptée à leurs compétences mais aussi à leurs goûts ;
→ en remettant dans l’emploi ou dans la formation le jeune qui décroche dès les premières semaines de chômage pour éviter un décrochage plus définitif, notamment en lui proposant une formation adaptée qui le maintienne dans l’activité et le lien social.
Autre préconisation : la mise en place d’un « coaching personnalisé » à destination des décrocheurs, qui permettrait, selon Philip Cordery, « que les changements ne soient pas considérés comme des échecs mais comme partie intégrante de l’accès à l’emploi ».
(1) Rapport disponible sur www.assemblee-nationale.fr.